Comme dans d'autres domaines, lors de la dernière campagne électorale
pour l'élection présidentielle le débat sur le système de soins n'a pas
eu lieu.
La raison principale, comme en économie, et pour d'autres débats
sociétaux et le fait que la gauche et l'extrême gauche ont imposé une
grille de lecture des problèmes du système de soin qui interdit tout
débat.
Cette grille de lecture est basée sur trois présupposés idéologiques.
Premièrement l'accès aux soins serait menacé.
Deuxièmement il existerait des déserts médicaux dans l'Hexagone.
Troisièmement les dépassements d'honoraires menacent l'accès aux soins.
1. Contre toute évidence, la gauche, l'extrême gauche et une bonne partie
de l'opinion est persuadée qu'il existe une inégalité d'accès aux soins.
Le grand argument derrière cette assertion est le faite que la
mortalité et la morbidité des grandes maladies chroniques ne sont pas
les mêmes dans les classes socio-économiques inférieures par rapport au
classe socio-économique supérieur.
C'est une contrevérité manifeste. Les différences de mortalité et de
morbidité en particulier pour les grandes maladies chroniques mais aussi
pour le tabagisme, l'alcoolisme, et d'autres conduites à risque ne sont
en rien lié aux performances du système de soins. Elles sont liées à des
différences socio-économiques que le système de soins ne peut gommer.
Seule une élévation du niveau de vie par une augmentation de la richesse
produite et distribuée dans la société permet d'améliorer le niveau
de santé de ses différentes classes socio-économiques. Cette confusion
entre l'état de santé lié aux conditions socio-économiques et
inégalité d'accès aux soins est en réalité un moyen pour demander toujours plus de
redistribution via le système de soins . Il n'est pas besoin ici d'ajouter que cet
espoir est vain , ce n'est pas en reprenant au plus aisés que l'on améliore
la situation du risque et de la santé des classes socio-économiques
inférieures. C'est en élevant la quantité de richesse produite et en
distribuant cette richesse dans un système économique performant que les
classes socio-économiques inférieures augmentent leur espérance de vie
et diminue la prévalence des grandes maladies chroniques. C'est une leçon de l'histoire des sociétés qui a très bien été mise en évidence par les travaux de Fogel et admirablement présenté par le suédois.
Au contraire de la propagande de la gauche et de l'extrême-gauche, force
est de reconnaître que l'accès au choix n'a jamais été aussi extensif et
gratuit dans l'histoire de l'humanité et dans l'histoire de notre pays.
Du point de vue de la médecine générale, des institutions
hospitalières, des possibilités de traitement y compris pour les maladies
rares, jamais nous n'avons disposé d'autant de moyens mis à la
disposition de nos concitoyens la plupart du temps sans débours du
patient c'est-à-dire financés par la mutualisation des ressources au
travers des prélèvements obligatoires.
Ainsi l'accès au soins est aujourd'hui maximal, sans débours par le patient pour toutes les maladies graves et même au-delà, si bien que
c'est la question inverse qu'il faut se poser :
L'accès aux soins n'est-il pas excessif, n'est-il pas la source de
complications iatrogènes, n'est-il pas en rapport avec des abus
extrêmement coûteux, enfin ne se produit-il pas une éviction des
dépenses de soins indispensables des malades graves au profit des soins de
convenance qui bénéficie au plus grand nombre?
La réponse à cette question est apportée par les nombreuses études sur
les effets secondaires des médicaments, des procédures de soins
inutiles,notamment les infections nosocomiales et les complications de
l'hospitalisation, enfin et surtout par l'appréciation d'une part de
l'extrême variabilité de la qualité des soins et d'autres parts de
l'extrême variabilité de la consommation de certaines procédures en
fonction du lieu géographique de résidence du patient.
Toutes les études qui ont comparé les pratiques médicales et les
pratiques de consommation de soins à travers les territoires des nations
développées ont mis en évidence une extraordinaire disparité dans la
fréquence, le volume de consommation des soins et dans la fréquence de réalisation
de certaines procédures bien ciblées alors même qu'aucune différence de
prévalence des maladies concernées ne permet de les expliquer.
Ainsi un grand nombre de procédures sont inutiles, produisent des effets
secondaires délétères pour le patiente et coutent très cher à la
collectivité.
Ainsi un accès aux soins non réglementés, un remboursement aveugle, une
incitation à la consommation à travers la gratuité sont des facteurs de iatrogénie dont le coup est extrêmement élevé pour le système de
soins et pour la nation.
C'est pourquoi contrairement à ce qu'affirme la gauche, l'extrême gauche
et certains médias, l'urgence n'est pas d'augmenter l'accès aux soins mais de
favoriser une élévation de la qualité des soins à la fois dans
l'indication mais aussi dans la réalisation de ces derniers. Ce qui
signifie qu'il faut diminuer drastiquement la consommation de soins
inutiles ou de soins consommés par pure convenance. On peut estimer
aujourd'hui que cette consommation dépasse 25 % de la consommation totale
de biens et services médicaux. .