On ne connaitra jamais la réponse et le résultat est le même : Thiago Silva reste à Milan. Après Kakà en janvier 2009 et Pato en janvier 2012, c’est au tour d’un autre grand Brésilien de passer très près d’un transfert avant que le président Berlusconi annule tout (même si du côté français, la version est que c’est le PSG qui s’est retiré du dossier). L’affaire Thiago Silva – PSG reste incompréhensible dans son déroulement : certains indices laissent croire que tout était prémédité alors que d’autres crédibilisent l’affaire. Libre à chacun de se forger son opinion.
DÉROULEMENT SELON LA VERSION « OFFICIELLE » ET LE CHOIX DU COEUR
Pour (essayer de) comprendre cette histoire, il faut retourner quelques semaines en arrière. Le discours du club était clair : Thiago Silva (et Ibra) ne sont pas à vendre, le club fera le possible et l’impossible pour résister (et pourquoi résister alors qu’il suffit de refuser tout?), ils resteront, seront les piliers du Milan d’Allegri. Promesse de Berlusconi faite à Galliani et Allegri. Cependant la position du club est toujours restée assez ambiguë car Thiago et Ibra étaient considérés invendables… jusqu’à un certain point. Compte tenu des difficultés économiques du club (mais surtout de tout le groupe Fininvest), les grands clubs étrangers ont flairé l’affaire : Galliani a reçu offres sur offres, provenant de toute l’Europe, en les refusant toutes… jusqu’à cet après midi de tennis à Roland Garros. C’est là que Leonardo a fait comprendre à Galliani qu’il était prêt à s’approcher des 50M réclamés par Milan, du moins, de commencer à négocier sur une base de 40M.
L’administrateur délégué promet d’y réfléchir et d’en reparler après la croisière rossonera. Mais à bord du MSC Splendida, rien ne filtre, la position du club reste la même : pas touche à Thiago ni Ibra. Galliani dément toute rencontre avec le Barça. Le 3 juin, il déclare mot pour mot : « Thiago Silva n’a pas de prix. Les tifosi doivent être heureux d’avoir le meilleur défenseur du monde » Et il y a des dizaines de déclarations du même style. Tous les journalistes, consultants et experts (Sacchi, Costacurta, les journalistes très proches de Milan comme Pellegatti, Crudeli, Serafini et même Suma, le directeur de Milan Channel et bien d’autres encores…) sont certains à 100% : Milan ne veut pas et ne vendra pas Thiago Silva. Thiago veut rester et son agent confirme également. Une vente de Thiago Silva était inconcevable pour tous, pour de nombreuses raisons. Et pourtant, au même moment Galliani réfléchissait. Dès le 4 juin, Allegri devait être déjà au courant : « Thiago reste à 99,99%. Le perdre serait très grave pour Milan. Le perdre, ça veut dire perdre une partie importante de l’équipe« . Le lendemain, Galliani confirme une petite ouverture : « On ne vend personne, Thiago et Ibra restent à 99,99% » Les doutes commencent à grandir.
Le 7 juin, on apprend l’existence d’une offre de 40M du PSG pour Thiago Silva mais tous disent que Milan a refusé. La position de Thiago à Milan se renforce car Barcelone abandonne la piste, la pression médiatique se calme : le calme avant la tempête, qui débute le 11 juin.
Boom, « L’Equipe » et « Le Parisien » frappent très fort : Transfert imminent de Thiago Silva au PSG avec signature le 12 ou 13 juin. L’info se propage à la vitesse de l’éclair, Milan ne dément pas, Galliani se fait discret, tout le monde commence à comprendre : « Aie, cette fois-ci c’est vrai » Le PSG libère une place d’extracommunautaire, les rumeurs se déchainent (Thiago passe les visites médicales etc.) et le transfert semble déjà bouclé. Les chiffres sont dévoilés, Leonardo ouvre les portes, l’agent de Thiago aussi. Braida dément « Inventions journalistiques » et n’a pas totalement tort car contrairement à ce que laisse croire la presse française, les négociations n’ont même pas commencé, Galliani a juste accepté d’écouter ce que Leonardo a à offrir. Milan Channel confirme : « Négociations à peine commencées » mais les sensations sont mauvaises en connaissant la richesse du PSG et l’excellent rapport entre Leonardo et Galliani. L’offre semble vraiment impossible à refuser pour un club en difficulté et une intervention « divine » de Berlusconi est exclue car le club a trop besoin d’argent (…). Le silence de l’AC Milan est assourdissant. Galliani semble agir à contrecoeur, Barbara Berlusconi n’est pas d’accord avec la vente mais c’est trop tard, la machine est en marche et les tifosi sont furieux. Les Rossoneri commencent aussi sérieusement à s’inquiéter, à commencer par Mexès, suivi de Cassano et Boateng alors que Ibra reste silencieux.
Le 12 juin, Braida va à contre-courant : « Soyez tranquilles, on ne vend pas Thiago » alors qu’au même moment Galliani embarque dans un avion : direction Paris! La presse continue à considérer le transfert comme très proche de la concrétisation alors qu’en réalité, Milan a accepté de négocier et veut savoir ce que le PSG a à offrir avant de décider s’il faut vendre ou non Thiago Silva. Galliani le confirme dès son atterrissage : « Je suis ici pour parler » Il rencontre alors Leonardo et même Al Khelaifi, ils négocient durant des heures, Galliani veut le maximum en cash (50M) alors que Leonardo propose une somme fixe (42M) moins élevée et des bonus. Chacun campe sur ses positions et ne trouvent pas un accord.
Le 13 juin, en France ils sont toujours aussi certains que le transfert sera officialisé dans la journée mais Galliani reste à l’hôtel, probablement en contact téléphonique avec Leonardo (au Parc des Princes). On apprend alors que le n°2 de l’AC Milan reprendra l’avion dans l’après midi et que l’affaire se concrétisera mais prendra certainement du temps. En réalité, Milan n’a pas encore pris de décision, Galliani fera son rapport et ce sera à Berlusconi de décider, tiraillé entre l’image (et la compétitivité) et le besoin de renflouer les caisses. La pression sur le président s’accentue : Barbara, Galliani, les tifosi, les joueurs et même Milan Channel font pression pour refuser l’offre du PSG. Le vent tourne, les clubs semblent distants et Milan semble vouloir garder le joueur. Leonardo confirme le refroidissement de la piste : « On pourrait renoncer à Thiago Silva« . Tard dans la soirée, Thiago Silva est plus proche de rester à Milan que d’aller au PSG.
Le lendemain, hier, la sensation se confirme : Berlusconi semble vouloir garder le défenseur brésilien. Thiago Silva est prévenu (et son agent veut un nouveau contrat) alors que le club s’organise pour l’annoncer, avec une intervention téléphonique de Berlusconi en soirée. Milan est finalement pris à contrepied par le PSG qui annonce à 21h se retirer du dossier. Le club milanais préfère dire que c’est Berlusconi qui a refusé et tout le monde est content. Galliani est fou de joie et parle « d’acte héroïque » du président, que l’équipe est ultra compétitive et presque complète : « Je ne saurais pas quoi répondre aux tifosi qui s’attendent à quelque chose d’autre après avoir réussi à garder Thiago, on a une équipe formidable et on aurait gagné le Scudetto sans la blessure de Thiago. On espère que les tifosi répondront avec des abonnements parce que le président fait de gros efforts. On a négocié et on pensait pouvoir conclure, absolument de bonne foi. Cela a peu d’importance de savoir qui du PSG ou Milan a refusé, c’est du passé, Thiago reste à Milan. »
Le mot de la fin revient à Berlusconi en personne, en contact téléphonique en direct sur Sportitalia : « On n’a pas changé d’idée, de ne pas vendre nos joueurs mais il y avait des offres extraordinaires provenant du PSG. Le club parisien est-il fâché contre nous? Je ne crois pas qu’il y ait vraiment une raison valable parce que nous avons été clairs et corrects. On a immédiatement dit qu’il n’y avait pas de décision définitive mais qu’on voulait savoir ce qu’ils pouvaient offrir pour ensuite analyser l’offre, sonder le terrain pour trouver un remplaçant et enfin prendre une décision. Ils nous ont avancé une offre très intéressante, proche de 46M. On a pris acte de cette possibilité et puis on a regardé qui pouvait remplacer notre Thiago Silva et on a convenu qu’il n’y avait pas de remplaçant adéquat. Mon vieux coeur rossonero a permis de refuser cette offre. Un meilleur salaire pour Thiago? Je crois que c’est naturel de la part de son agent mais Thiago est un grand homme et on trouvera une solution facilement. On vit une crise et ma famille aussi a été fortement touchée, avec le vol du millénaire de 564M d’euros cash pour le Lodo Mondadori et cela nous a provoqué des difficulté à soutenir les entrées et les sorties de notre Milan, c’est pour cela qu’on a analysé les offres du mercato. On espère avoir la meilleure défense la saison prochaine. Galliani? Une grande amitié nous lie, consolidée par 26 ans. Ibra? Lui aussi reste parce que c’est le meilleur attaquant dans son rôle. » Et dans toute cette histoire, ce sont encore (et toujours) les tifosi qui ont subi. Un peu de clarté et d’honnêteté, est-ce trop demander?
DÉROULEMENT SELON LA VERSION BURLESQUE
Dans la version officielle, plusieurs infos ne collent pas. Pourquoi le club a-t-il fait croire à tous (y compris les tifosi) qu’il en vendrait ni Ibrahimovic ni Thiago Silva? Pourquoi Braida affirme depuis le début que Thiago Silva ne sera pas vendu? Pourquoi, pour la première fois de son histoire, Milan Channel n’est pas aligné sur les idées du club? Pourquoi a-t-il fallu provoquer tout cela pour en arriver à la conclusion qu’il n’y a pas de digne remplaçant de Thiago Silva et que ce n’était pas intéressant de le vendre? Leonardo et Galliani sont toujours en contact. On pouvait facilement savoir combien le PSG était prêt à offrir, sans rien dévoiler à personne, analyser en interne, étudier les alternatives en élaborant des contacts pour ensuite se rendre compte qu’il n’y avait aucune alternative intéressante et finalement dire gentiment à Leo qu’on ne vendait pas. La presse et les tifosi n’auraient rien su. Il n’y aurait pas eu toute la mascarade. En tout cas, si ce n’est pas un coup monté, l’affaire a été très mal gérée.
Milan n’aurait même pas du penser une seule seconde à la possibilité de vendre Thiago Silva car même économiquement, il n’y en avait pas la nécessité. Le club a fortement diminué ses couts en réduisant la masse salariale, la situation ne pourra que s’améliorer progressivement avec le temps. Certes, une vente aurait amélioré la situation de manière nette et immédiate mais l’équipe aurait trop perdu au niveau technique, en plus d’autres choses, comme le départ des sénateurs qui a déjà affaibli l’équipe (Nesta et Van Bommel en particulier). Sans parler des les risques et des conséquences d’une réaction en chaine : départs de joueurs, équipe de moins en moins compétitive, mauvais résultats, risque de ne pas se qualifier en Champions League (perte estimée à 40-50M), perte de crédibilité, d’image, d’abonnements, de vente de produits officiels… c’était vraiment risqué, non seulement sur le plan technique mais aussi sur le plan économique. Les dirigeants n’avaient pas besoin de provoquer cette histoire pour le savoir.
Et si c’était tout simplement un évènement médiatique pour prouver que Milan est toujours le puissant Milan (alors que l’idée même de vendre Thiago est déjà un signe de faiblesse)? Et si tout cela était provoqué dans le but de marquer les tifosi et leur annoncer qu’il n’y aura pas (ou peu) de mercato parce que Thiago Silva a été retenu, selon la volonté de ces mêmes tifosi? En sachant qu’une intervention divine du président lui rend honneur et peut pousser une certaine tranche de tifosi à renouveler leur abonnement, acheter un maillot… Comme toujours, les tifosi sont les dindons de la farce, on se fout complètement d’eux et puis on leur demande de passer à la caisse pour soutenir le président (et le soulager aussi…). Milan a montré des signes de faiblesses indignes de son histoire, la vente de Thiago Silva aurait fait déborder le vase car si on peut comprendre et accepter que Milan n’effectue plus des grands achats, il est inacceptable de devoir se séparer de ses propres champions pour survivre. Alors cirque médiatique ou choix du coeur? Dans les deux cas, les dirigeants n’ont pas agi comme ils auraient du, la communication envers les tifosi est insultante et Milan est tombé bien bas. Et si ce n’est pas une manoeuvre médiatique, c’est encore plus grave car cela signifie que le club est passé à deux doigt de la vente de Thiago Silva et donc du statut de « club modeste ». Les dirigeants n’ont cessé de promettre que l’équipe serait renforcée et étaient prêts à l’affaiblir incroyablement. Le club a suivi Berlusconi dans sa grandeur et le président l’entraine maintenant dans sa décadence. Heureux pour la permanence de Thiago Silva mais le problème profond de Milan, lui aussi est resté et ne doit pas être oublié.
Partagez l'article :Article rédigé par admin
Nombre de lecture(s) : 514