J'ai déjà entendu dire qu'avec l'accouchement venait aussi à nous... la peur!
On a peur de ne pas être une bonne mère.
On a peur de ne pas en faire assez.
On a peur de ne pas faire la bonne chose.
On a peur d'en faire trop.
On a peur qu'il arrive quelque chose à notre enfant.
Cette dernière peur est universelle à tous les parents, je crois. On a peur pour nos enfants. Peur qu'ils tombent, qu'ils se fassent mal, qu'ils n'aient pas d'amis, qu'ils aient de bons amis, qu'ils soient malades, qu'ils soient tristes, qu'ils se fassent attaquer/taxer/kidnapper/niaiser/etc.
On a peur tout le temps.
Une de nos premières jobs comme parents: stopper cette peur. Avoir confiance. Les laisser aller. C'est tellement difficile en même temps. Par exemple, une journée de sorties scolaires, par exemple, au Fort Chambly, on les laisse aller. On leur dit «au revoir» en leur énumérant tout le fun qu'ils auront. Mais toute la journée, on se surprend à tendre l'oreille si on entent dans une même phrase au bulletin d'infos à la radio "accident" et "autobus scolaire". On frémit. J'y pense avant même d'entendre le bulletin d'infos.
Au parc, quand JeuneHomme grimpe derrière sa soeur dans les modules faits de cordes, s'imaginant SpiderMan, je respire de travers. Puis, il m'envoie la main du haut et... je respire toujours aussi mal en essayant de sourire. MissLulus, envers et contre tous, est une championne de l'escalade. Agile comme dix, elle n'a peur d'aucune structure. Des sensations extrêmes: pas de problème. Moi au sol, tout en criant des encouragements je m'automutile en serrant mes ongles dans le creux de ma main. Je suffoque, j'ai chaud, je tremble, tout en étant méga fière d'elle et en ne lui montrant rien de cela!
Les enfants ne connaissent la peur que si on leur enseigne. Je suis consciente qu'il y a des peurs nécessaires. Ça ressemble plus à de la prudence, comme la sécurité routière et des règles comme ne jamais suivre un étranger. Mais les autres peurs, surtout celles dont on n'a aucune emprise, je ne veux pas les voir s'infiltrer en eux (Excellent texte ici sur la peur qui ne rend pas plus prudent!) Je souhaite aussi que mes enfants aient confiance en eux à tel point qu'ils essaient des choses et qu'ils ne se contentent pas de rester dans leur zone de confort. Et peu importe ma peur à moi. Je n'ai pas le droit de les empêcher d'essayer, même au risque de se tromper. MissLulus a voulu essayer Le Monstre l'an passé à La Ronde. Elle l'a fait. Je l'ai accompagné. Résultat: elle a eu peur, c'est vrai. Mais elle n'a pas eu peur de le faire. C'est la différence.
Reste que vivre avec la peur n'est pas un apprentissage facile. Mais c'est un bagage que je ne veux pas leur transmettre. Je vais le garder pour moi.