Habituel flot avec cette plage de macadam à la limite de l’océan de véhicules, avec son flux et son reflux de demoiselles, de jeunes et de moins jeunes, de touristes perdus, de femmes flânant juste pour la durée de leur pause vers les belles boutiques, quelques rares mâles soit en short et sac à dos, soit en costume et blackberry.
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Robes, jupes, jean, mini-short et autres tenues, la mode est un grand chamarré de matières et de marques. Des bottines, des sandales, des ballerines, tiens une paire de pieds nus, des talons de toutes tailles, des tongs, des chaussures de randonnée, pour un treck parisien, des baskets et des santiags, d’autres chaussures, je contemple la variété incroyable de modèles.
Et quelques couacs ! Un effet secondaire des yeux d’un gentleman, probablement aussi un effet secondaire du schweppes. Car au milieu de toute cette agitation, certaines s’arrêtent, prenant des photos avec leur téléphone, repartent en parlant à leur caméra, agitant les bras, stoppant net devant un groupe de chinois encore plus pressé que les japonais passés il y a trois minutes. Il y a çà et là des choix de mode heureux, mais aussi malheureux, surprenants, improbables même.
Un duo de jeunes femmes en talons très hauts, l’une en tenue mode tendance, l’autre en combinaison de tee-shirt long et legging ultra-moulant aux couleurs du drapeau américain. Des talons fous aux pieds.
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Plus loin, une extraterrestre en body très échancré de dentelle noire, ne laissant rien oublié de son anatomie avantageuse, de ce soutien-gorge quasi inexistant, le tout glissé dans un jean taille très basse, fesses au vent. Toute la terrasse a suivi, le temps de son passage, cette figure, cette virgule dans les discussions.
Une autre jeune femme passe, avec un sac, maxi taille d’une marque célèbre, elle si petite, pourrait presque y dormir. Elle a choisi, mal choisi, une jupe maxi-format, terrible pour les jambes courtes, on dirait un modèle réduit de Barbie en robe princesse. Heureusement elle se cache derrière des lunettes, un modèle seventies avec de larges découpes en plastique vert.
Une autre tendance va aux quelques leggings et caleçons qui deviennent pantalon d’un jour. Parfois la tunique suit le bas du dos, couvre le début des cuisses, telle une jupe, parfois elle est plus courte. De même avec un pull long, les fesses apparaissent dans leur splendeur arrondie, mais toujours il faut se rappeler que la pénombre de votre chambre le matin, devient lumière en plein jour. Alors le caleçon en coton fin, ou plus encore le legging si élégant avec vos escarpins, libérant vos fines chevilles, celui-ci devient transparent en journée. Ainsi il m’a été donné en spectacle de braille, la lecture de plusieurs dentelles, shorty enveloppant ou minuscule string, en recto-verso, sous des leggings plus proche du collant, loin de l’opaque, même parfois du semi-opaque. Je rappellerai simplement que les collants, les leggings en voile ne sont pas des pantalons. Ou sinon demain venez directement en lingerie uniquement pour prendre un café avec vos collègues ;-)
Une dernière attire mon regard, pas uniquement le mien, celui de mes voisines BCBG. Elles commentent en dégustant leur café gourmand, plein de sucreries, superbe pirouette à la salade light avalée avant. Une belle créature aux cheveux dorés par le bout de soleil, dans le vent, un sac sur l’épaule, une robe couleur nude en guipure avec une coupe sobre. De belles hanches qui ondulent au gré des talons hauts, des babies vernis avec un anneau doré, elle approche, ses jambes semblent sans fin vers cette robe, un bronzage luxueux. Nos yeux restent figés quant à la longueur de la doublure satinée sous cette guipure, qui par définition est une dentelle maxi format, avec des trous. Vision recto, un semblant de jupe en haut des cuisses, et quand nos regards suivent son verso, ils découvrent un string perdu entre deux rondeurs de chair parfaitement caramel bronzé. Petite explication pour une vue perçante, la doublure semble être restée sur sa taille, ne suivant pas le mouvement de sa silhouette et de cette robe évaporée.
J’ai payé, et en partant j’ai croisé une ravissante quinqua, dont le bronzage était impeccable sous ce soutien-gorge blanc en dentelle très fine, ornée de fleurs. Vous rigolez déjà de ce dessert improvisé pour un esthète gourmet, de ma propension à regarder un peu trop dans les décolletés. Eh bien non, son chemisier était ouvert non pas au deuxième bouton, celui de la sensualité qui offre une vue sur l’ombre de l’entre-seins, mais sur un quatrième bouton, qui flirtait plutôt avec une observation obligée de son nombril.
Vive les féminités , et quelques excentricités ou couacs.
Nylonement