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Le patient de Berlin, vraiment guéri du Sida?

Publié le 15 juin 2012 par Copeau @Contrepoints

Un patient américain, le "patient de Berlin" est le seul individu au monde déclaré comme guéri du VIH/Sida. Mais y a-t-il eu vraiment guérison du Sida se demande maintenant un médecin français, Alain Lafeuillade, spécialiste du virus?

Par Alexis Vintray.

Le patient de Berlin, vraiment guéri du Sida?

Ruban rouge, symbole de la lutte contre le Sida

Timothy Brown, un américain infecté par le virus du VIH/Sida, a connu une notoriété mondiale en 2009 : séropositif et atteint de leucémie, il avait reçu en 2006 une greffe de moelle osseuse qui l'aurait guéri du virus. Le donneur ne possédait pas le gène du récepteur CCR5, auquel le VIH doit s’accrocher pour infecter une cellule. Un fait rare puisque seuls 3% des individus ne possèdent pas ce gène. A la suite de cette greffe, le "patient de Berlin" était redevenu séronégatif, un cas unique au monde qui avait déclenché des articles nombreux sur sa "guérison du Sida".

Pourtant, selon une communication orale faite le 8 juin au workshop de Sitges par Steven Yukl de San Francisco, le sang du patient continuerait toujours à abriter le virus, mais pas sous une forme capable de se répliquer. Plusieurs laboratoires ont passé au crible 9 milliards de cellules sanguines dotées d’un noyau et aucune copie de VIH capable de se répliquer n’y a été découverte. Des morceaux de matériel génétique du virus (son ARN) ont été détectés toutefois, en très petites quantités. "Ces examens étaient négatifs à Berlin fin 2011," déclare le Professeur Lafeuillade, mais positifs en 2012. "Cela peut vouloir dire que les tests que nous utilisons en Europe ne sont pas assez sensibles, ou que le virus est ré-apparu depuis lors".

Les scientifiques ne sont pas en mesure de savoir s'il s'agit de résidus de l'infection de M. Brown, ou d'une nouvelle infection après une exposition non protégée au virus. Le matériel génétique prélevé ne correspond pas à celui qui infectait le patient de Berlin en 2006 mais celui-ci pourrait aussi avoir évolué depuis.

"Ce qui est sûr, c'est que la science a fabriqué une chimère qui est séronégative mais porte toujours le VIH, un cas qui reste unique au monde," a ajouté le docteur Lafeuillade.


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