Où l'on parle d'intégration européenne et de la pipe du Monarque

Publié le 15 juin 2012 par Juan
Ami sarkozyste, ne pars pas. L'actualité est cruelle, drôle parfois, troublante souvent. Il fallait une alternance pour revisiter l'héritage, une alternance pour détruire tes icônes.
Il y a peu, le couple Merkozy donnait encore des leçons de rigueur à l'Europe entière tout en tuant l'intégration politique. En France, Sarkozy menaçait que « la gauche », « c'était la Grèce ». Mais c'est à un socialiste qu'il incombe de remettre plus d'Europe politique dans notre discours national et notre pratique européenne.
De l'hommage à l'union
Jeudi, la journée avait commencé par un hommage aux quatre derniers soldats français tués en Afghanistan. Le président Hollande avait convié ses prédécesseurs. Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d'Estaing avaient fait le déplacement.
Puis Hollande est parti pour Rome, un mini-sommet européen, en préparation de celui des 28 et 29 juin, avec Angela Merkel, Mariano Rajoy, et Mario Monti. En France, les prévisions sarkozyennes de croissance étaient encore ruinées. Elles s'annonçaient trop optimistes pour 2012 comme 2013. Deux évaluations de la précédente équipe ont été ainsi remises en cause. Valérie Pécresse, l'ancienne ministre du Budget, et François Baroin, son ancien collègue de l'Economie, avaient prédit 0,7% pour 2012, puis 1,5% pour 2013. Tout le budget de l'année en cours est basé sur ces estimations.
Jeudi 14 juin, François Hollande a fait circuler ses propositions européennes, dans un document de préparation du sommet européen des 28 et 29 juin organisé sur trois volets : croissance, stabilité et approfondissement de l'union économique et monétaire.. Angela Merkel avait fait de même voici 8 jours, en suggérant davantage d'union politique au sein de la zone euro, tout en récusant tout volet de croissance.
Hollande l'a prise au mot, à en croire le Monde. En arrivant à Rome, il a proposé la création de nouveaux instruments financiers « pour soutenir la croissance, dont un nouveau type d'obligations ou un fonds d'amortissement commun »: il a cité une taxe sur les transactions financières, et la création d''euro-bonds qu'il qualifia aussi de 'fonds d'amortissement' (« Ça renvoie à des réalités différentes mais nous avons besoin de nouveaux instruments, qui supposeront eux-mêmes plus d'intégration »). Il voudrait donner davantage de pouvoirs bancaires à la Banque centrale européenne (BCE), notamment pour surveiller les établissements bancaires, piloter le fonds de garantie des dépôts, voire recapitaliser les établissements en difficulté.
Mardi, une étude réalisée par l'European Council on Foreign Relations (ECFR), contredisait une idée reçue: non, l'Allemagne n'a pas fait davantage d'efforts budgétaires que la Grèce, l'Espagne ou le Portugal. Bien au contraire ! « En un an, la Grèce a fait environ deux fois plus d'efforts que l'Allemagne en plus de cinq ans »... Pire, selon la Commission européenne, le salaire réel par salarié a nettement plus diminué en Grèce (-13 % entre 2009 et 2011), au Portugal (-10 %) et en Espagne (-7 %), qu'en Allemagne (-3,3 % en Allemagne entre 2002 et 2007, soit -0,7 % par an).

Minable UMP
Hollande parlait donc d'Europe quand un ouvrage, Le Monarque, son fils, son fief paru jeudi 14 juin aux Editions du Moment, écrit par une ex-sarkozyste des Hauts-de-Seine évoquait une fellation toute présidentielle. L'auteure, Marie-Célie Guillaume, directrice de cabinet du président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine, relatait une anecdote toute à fait explicite, où celui qu'elle dénomme le Monarque réclamait une gâterie à une élue UMP locale d'un certain âge. Cela sentait le règlement de comptes prématuré dans le corral sarkozyste.
Plus politique, François Fillon voulait contrer Jean-François Copé. Il s'est montré aux côtés de Nadine Morano, en difficulté en Moselle. L'ancienne ministre venait d'en appeler aux électeurs du FN dans l'hebdomadaire... Minute ! Si Fillon s'est aventuré dans de pareilles terres extrêmes, c'est pour mieux courtiser l'aile droite de l'UMP, en vue d'en ravir la présidence à l'automne prochain. Un proche de Copé, anonyme, a confié au Point sa rancoeur: « Fillon se droitise pour convaincre les militants. Ce retournement de veste est aussi visible qu'une tache de vin rouge sur une nappe blanche ».
Son rival Copé était à Draveil, pour soutenir George Tron, l'ancien ministre de Sarkozy démissionné pour cause de plainte pour agression sexuelle: « j'ai une conception des relations avec les personnes et de la vie politique qui fait que je n'ai jamais lâché mes amis » a justifié le secrétaire de l'UMP.
Sans rire ?
Dans le Val d'Oise, un élu UMP affichait un communiqué du Front national sur sa page Facebook pour le second tour. Yanick Paternotte, député UMP de la 9e circonscription, s'est défendu de toute alliance avec le FN avant le second tour: «C’est simplement une manière d’informer mes électeurs. Si la candidate du MoDem avait fait un communiqué de ce type, je l’aurais affiché de la même manière»... Bien sûr... D'ailleurs, la candidat frontiste, Lydie Dubois, ne s'y ets pas trompée, estimant que Yanick Paternotte «a toujours pris des positions courageuses et claires, particulièrement en matière de sécurité, de lutte contre les fraudes et pour le respect de la laïcité, notamment en votant pour l'interdiction du port de la burqa».
Ami sarkozyste, ne pars pas.