15 juin / Mes trois jours

Par Blackout @blackoutedition
15 juin La loose - Mes trois jours L'affaire se compliqua un peu lorsque je fus convoqué à mon tour, en tant que simple témoin, bien sûr, car l'arme du crime retrouvé sur les lieux, comme une signature, n'était autre que la batte de baseball de mon fils… L'inspecteur de Police Morgane était intelligent, ce qui a le mérite d'être signalé. Il releva mes empreintes et trouva les mêmes, bien sûr, sur la massue. J'étais à deux doigts de tout lui cracher, intention ne vaut pas crime, lorsque je me rappelai que la vérité ne m'avait jamais réussi. C'était il y a vingt ans. Mes trois jours. D'armée. Je passai par toutes les couleurs de l'arc en ciel pour tenter, antimilitariste convaincu de me faire exempter. J'échouai chez le psychiatre, échouer c'est le mot car, après toutes ces épreuves, une méduse aurait eu plus de charisme que moi, vautré sur le fauteuil. - Redressez-vous ! Racontez !! - Mes papiers ! - Me fous de vos papiers !! Je racontai. Sans omettre aucun détail mais sans en rajouter non plus… A la fin : - Vous voulez le faire, ce service ? Cruel dilemme. Si je dis non, il va me prendre pour ce que je suis, un vilain tire au flan, si j'opine du chef, il risque de me prendre au pied de la lettre… Je me jetai à l'eau, oubliant que je ne savais guère nager… - Non ! - Para à Pau, ça vous fera les pieds, sale anarchiste ! Au premier saut dans le vide, du haut d'une échelle, je me cassai (volontairement ?) la cheville. De suite je fus bien sûr le défouloir de ces couillus comme ils avaient plaisir à se nommer. Ils pensaient que j'étais homo. Homo chez les paras, ça ne pardonne pas. Inutile de décrire par le menu les sévices encourus, il suffit pour se donner une idée de narrer le pire. Ils me sodomisèrent avec le manche de la ventouse, ce qui les fit bien rigoler et me fit douter à mon tour de l'honnêteté de leur propre sexualité. Je ne pus m'asseoir pendant quinze jours. Remis de mes émotions, je traînai le reste de mes six mois dans les latrines du mess, à les astiquer comme je tentai la nuit de m'astiquer le manche pour me soulager. Je fus libéré, pour onanisme répété, sans blague, non sans avoir subi, avant de partir, un passage à tabac réglementaire. Donc je me défendis de la manière la plus logique qu'il fut, expliquant que lors du meurtre j'étais enfermé à l'asile du coin et totalement abruti. Que la batte appartenait à mon fils et qu'à ce titre il n'était point étonnant que mes empreintes s'y trouvassent. M'apercevant après ces dires que je venais d'enfoncer la chair de ma chair, encore que je me plaisais à douter encore, dix-sept ans après de cette filiation génétique. A suivre... demain !

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