Voici un extrait du Vivekacudamani, texte de l'advaita vedanta, traduit ici par Alain Porte
428 - Il a une conscience réelle,
sa béatitude est sans fin,
il n’est plus obsédé par le monde sensible,
c’est lui le délivré vivant.
429 - Sa pensée disparue, pourtant il veille,
sans être le jouet de son état de veille,
sans désir est sa conscience,
c’est lui le délivré vivant.
430 - L’action du monde sur lui a cessé,
même multiple, il est un –
sa pensée ne connaît plus d’émotions,
c’est lui le délivré vivant.
431 - Même si son corps se déplace,
son corps le suit comme son ombre. –
Il n’y a en lui plus personne, plus rien à posséder,
Tel est le signe du délivré vivant.
432 - Il ne sonde pas le passé,
il ne rêve pas au futur,
même le présent le laisse impavide,
Tel est le signe du délivré vivant.
433 - Il présente qualités et défauts,
mais sa vraie nature est sans signes,
il voit tout d’un regard égal,
Tel est le signe du délivré vivant.
434 - Ce qui arrive d’heureux ou de malheureux,
il le perçoit d’un œil égal –
en lui, dans les deux cas, aucun changement.
Tel est le signe du délivré vivant.
435 - Sa pensée est plongée toute entière dans la saveur
de la béatitude de la Réalité ultime.
Grâce à elle, il ne connaît ni extérieur ni intérieur.
Tel est le signe du délivré vivant.
436 - Être, à l’égard du corps et des sens, à l’égard de ce qu’il y a à faire,
être affranchi, en demeurant au-dessus des choses,
du sentiment d’être quelqu’un et d’avoir quelque chose,
Tel est le signe du délivré vivant.
437 - Celui qui a compris que sa propre nature est la Réalité ultime,
grâce au pouvoir des écritures,
il est alors délivré des chaînes de la vie,
Tel est le signe du délivré vivant.
438 - N’avoir jamais le sentiment d’être quelqu’un
dans un corps et dans des facultés sensorielles,
n’avoir jamais le sentiment du monde dans ce qui n’est pas soi,
c’est être un délivré vivant.
439 – Ne voir, par sa conscience, aucune différence
entre la Réalité ultime et soi,
entre le monde et la Réalité ultime,
c’est être un délivré vivant.
440 – Être honoré par les sages,
être maltraité par des brutes,
demeurer d’une humeur égale,
c’est être un délivré vivant.
441 – Celui en qui les objets se perdent,
comme le cours des fleuves se perdent dans l’océan,
sans provoquer se changement,
il est un délivré.