Imagine-t-on Marine Le Pen venir à Alizay pour soutenir les salariés de M-Real en lutte pour conserver leur emploi ?
Jean-François Copé, François Fillon et Alain Juppé, tous animateurs de la campagne de l'UMP se sont mis d'accord avec Nadine Morano sur un élément de langage. Pour éviter d'appeler à la constitution d'un front républicain contre les candidats du Front national, il suffira d'affirmer que le PS ayant le bénéfice du désistement des candidats du Front de Gauche jugés infréquentables, il est impossible d'appeler à voter pour un candidat socialiste. Est-ce réaliste ? Est-ce admissible ?Evidemment non. Le Front de gauche comprend des partis républicains : le Parti communiste, le Parti de Gauche et la Gauche unitaire. Ces partis sont animés par des élus connus de longue date, ancrés depuis des lustres dans la démocratie française et n'ayant comme références idéologiques que des valeurs républicaines. Le général de Gaulle, faut-il le rappeler, nomma des ministres communistes alors qu'il laissa exécuter Brasillach, écrivain français convaincu de collaboration avec l'ennemi nazi et antisémite notoire. C'est Jean-Marie Le Pen qui, récemment, cita cet auteur, rappelant sa mémoire pour mieux inscrire le Front national dans la légende d'extrême-droite née de la Révolution nationale de Pétain.
Marine Le Pen porte des habits neufs mais le corpus idéologique du Front national est toujours le même. Il réunit les nostalgiques de Vichy, les partisans du fascisme autoritaire, les anciens combattants de l'Algérie française et coloniale membres de l'OAS. La fille Le Pen veut jeter les immigrés à la mer, supprimer l'euro, réhabiliter la peine de mort, ériger des frontières. Jamais les supporteurs du Front de Gauche n'ont proposé de telles inepties.
Jean-Luc Mélenchon est un tribun talentueux. Il est certes sans langue de bois et parfois brutal. Mais ses propositions s'inscrivent dans le cadre des principes et des lois de la République. On a vu, à Vitrolles ou à Orange, ce que valait la gestion des membres du Front national : la préférence dans les crèches, la censure dans les bibliothèques, le coup de force permanent dans les réunions de conseil municipal pour museler les oppositions. On sait ce qui nous attend avec ces gens-là.
Alors, Copé-Fillon et Juppé sont gonflés d'inventer des prétextes fantaisistes pour amener leurs électeurs vers l'abstention ou le vote blanc. Les socialistes sont des démocrates sincères et des réformistes. Ils ne soutiennent ni la violence ni la dictature. Ils ne vont pas à Vienne, comme Marine Le Pen, pour danser avec des fascistes. Les électeurs feraient bien d'y réfléchir à deux fois avant de voter pour le FN.