” Si nous devions nous contenter de ne suivre que des chemins praticables, la vie deviendrait terriblement monotone.”
Pour dessiner et écrire cet album, Nicolas Debon s’est inspiré des travaux d’Albert Frederick Mummery (ayant vécu au XIXème siècle) qui formait une cordée avec ses deux guides Alexander Burgener et Benedikt Venetz. L’aspect documentaire est donc assez développé dans cette bande dessinée. A l’époque victorienne, nombre d’alpinistes anglais venaient gravir les sommets des alpes (d’où le nom “alpinisme”), sans avoir recours à un équipement lourd qui pouvant dénaturer la montagne.
Le lecteur se retrouve en pleine ascension des montagnes de Chamonix, plus précisément en pleine conquête du Grapon. C’est l’histoire d’un défi, d’un flirt avec le danger et d’une complémentarité entre passionnés qu’ils soient professionnels comme les guides ou simplement amateurs.
On suit donc un petit groupe d’alpinistes étrangers, pas à pas. L’un des reproches principaux que l’on peut faire à cette bande est l’absence de traduction de certaines bulles : tout le monde ne comprend pas l’anglais, encore moins l’allemand ! Une ou deux phylactères auraient suffi pour faire passer l’idée de l’auteur, me semble-t-il. J’ai d’ailleurs l’impression d’avoir manqué certaines choses à cause de cela…
L’association des couleurs sombres et de l’ocre met tout à fait en valeur le cadre montagneux qui devient finalement le personnage principal. Car la bande dessinée est avant tout un bel hommage rendu à la montagne. J’ai d’ailleurs trouvé que le rapport des alpinistes à la montagne était particulièrement bien exprimé et faisait ressortir l’humanité de cette passion puisque tout échec peut laisser place à un succès de la génération suivante. C’est donc une leçon d’humilité et de grandeur qui est dévoilée peu à peu au fil des pages.
Pour ne pas perdre mes habitudes de comparatiste en herbe, je lirai prochainement le premier tome du Sommet des Dieux, de Jirô Taniguchi !
Nicolas Debon, L’Invention du vide, éditions Dargaud, Juin 2012