Lecture (littérature seychelloise) : SIPAY – Revue littéraire seychelloise, N° 7, mars/avril/mai/juin 2011 – FRATERNITE.

Par Ananda

Une présentation attrayante, pour trente six pages de littérature en provenance d’horizons aussi divers que l’Océan Indien, l’Europe, l’Afrique Noire et l’Amérique du Nord. Un éditorial de Daouda TRAORE. Un « poète invité » en la personne de l’écrivain et éditeur réunionnais André ROBER qui nous régale de sa « généreuse » et bilingue poésie. Une rubrique « Lumière sur… » consacrée à la poétesse et nouvelliste seychelloise Marie-Flora BEN DAVID-NOURRICE. Deux nouvelles, « respectivement concoctées par Maxime LEJEUNE et Patricia LARANCO », comme le dit si bien Daouda Traoré.

Et puis le cœur du magazine : treize poètes célébrant la FRATERNITE et l’appelant vigoureusement de leurs vœux, parmi lesquels on notera la présence d’une très grande figure de la poésie réunionnaise et, plus largement, océanindienne, Monseigneur Gilbert AUBRY, phare du mouvement culturel de la Créolie (en page 17).

Le constat s’impose : nous avons affaire ici à un numéro de SIPAY particulièrement riche. Au plan linguistique, on y retrouve les Créoles seychellois et réunionnais, l’Anglais, et surtout le Français, lequel se taille la part du lion.

Retenons ici et là, au hasard des pages, des vers qui nous interpellent, dans le même temps qu’ils nous réchauffent de par l’aspiration sincère, touchante et presque douloureuse qu’ils portent, d’écho en écho :

« Tenir cette consonance de nuances et de mélange / Emouvoir en nous cette cordialité […] Neutraliser toutes nos animosités » (Marie-Flora BEN DAVIS-NOURRICE, Seychelles) ; « ce monde arc-en-ciel » (Magie FAURE-VIDOT, Seychelles) ; « Respirant le même air sous le même soleil / La terre sous nos pieds et la tête au ciel / Nous voici devenus peuple arc-en-ciel / Nous-mêmes portant notre pays-même / En nos veines, en nos cœurs, en nos vies / Pour que la vie triomphe de la mort /Par l’harmonie au souffle de l’Esprit » (Mgr Gilbert AUBRY, La Réunion) ; « At first it was me / I and you made we / One mind leading – leading one mind »(Valentina BERLOUIS, Chine/Seychelles) ; " Nous referons le pays du bonheur / Île mon île, ô mon île ! / Nous te fleurirons, / Nous t’embellirons, / Tu redeviendras un vrai paradis / Où il fera bon vivre, / Île, ô mon île ! " (Cécile CADET-DAMBREVILLE, La Réunion) ; « Les couleurs de peaux / Sans se lasser s’enlacent […] Ici se tisse / Un ciel métis […] La chanson des peaux / Palpite à l’unisson » (Patrick JOCQUEL, France) ; « « Ami / Je ne sais pas comment tu t’appelles / J’aimerais tant m’appeler comme toi / M’appeler comme tous les noms du monde / Mais je ne sais pas comment tu t’appelles » (Jean-Claude AWONO, Cameroun) ; « Mais il y aura, dansants, ces espaces multiples… » (Francine MINGUEZ, Canada) ; « L’Enfer, ce n’est pas les autres / Les autres ce sont des Frères / Muets ou aveugles » (Harris KASONGO, RDC), « Qu’il revienne le temps des accords / qu’il revienne le temps de patience / qu’il finisse le temps des remords / qu’il finisse le temps des souffrances / qu’il finisse le temps des rancunes / que nos œuvres soient communes » (Eugène ELIZABETH, Allemagne/Seychelles).

Puisse un jour la sempiternelle folie des Hommes entendre ces appels, au demeurant souvent issus de terres îliennes grand ouvertes au large, et donc marquées par le brassage étroit des peuples et des cultures !

Cette revue – elle le démontre une fois de plus – se veut véhicule d’une authentique parole métisse. D’une parole qui a autre chose à dire et qui préfigure peut-être (souhaitons-le) la parole du futur.

PL