L ’Espagne se trouve toute proche de la catégorie spéculative des emprunteurs à risque chez Moody ’s, qui a brutalement sanctionné le pays.
L ’agence de notation a rappelé dans quelle situation délicate se trouvait la quatrième économie de la zone euro : l ’Etat espagnol a un accès très limité aux marchés financiers, comme le montrent à la fois le fait qu ’il compte sur les mécanismes anticrise de la zone euro pour ses fonds de recapitalisation et sa dépendance croissance vis-à-vis de ses banques nationales comme acheteurs prioritaires de ses émissions obligataires, lesquelles à leur tour obtiennent leurs financements de la BCE.
Moody ’s relève la vulnérabilité croissante de l ’Etat espagnol à un arrêt soudain des financements, qui est une inquiétude bien plus grave que s ’il y avait un espoir raisonnable de croissance économique vigoureuse dans les quelques années à venir. Un éventuel basculement de l ’Espagne dans la catégorie spéculative ne ferait que compliquer l ’effort de redressement des finances publiques, vu comme crucial pour l ’avenir de l ’union monétaire. Les répercussions se feront potentiellement ressentir sur la valeur des obligations espagnoles et sur la possibilité de les présenter comme collatéral. De nombreux investisseurs sont en effet soit réticents soit interdits de détenir des obligations spéculatives, ce qui rend ces titres difficiles à placer sur le marché. Or avec son déficit budgétaire élevé, Madrid a de gros besoins de financement.
Pour déterminer si la note est encore abaissée, Moody ’s indique qu ’elle se concentrera sur le résultat des audits extérieurs en cours du système bancaire, sur les conditions et les détails du prêt [européen] et sur la stratégie spécifique conçue pour la recapitalisation du système bancaire. L ’agence tiendra aussi compte de toute nouvelle initiative au niveau de la zone euro. De surcroît, la note de l ’Espagne, de même que celle des autres pays de la zone, pourrait être touchée si le risque d ’une sortie de la Grèce devait s ’accroître encore. Les Grecs doivent voter dimanche pour élire leurs députés, alors qu ’une bonne partie de l ’opinion publique rejette la cure d ’austérité négociée avec Bruxelles.