Par communiqués interposés, le ton est monté d’un cran hier entre Alain Juppé et le député UMP du Libournais Jean-Paul Garraud. A l’image des tensions qui agitent l’UMP à l’échelon national, les deux hommes s’opposent sur la conduite à tenir vis à vis du Front National.
Alors qu’Alain Juppé affiche toujours son refus de toute alliance entre les deux partis, Jean-Paul Garraud, candidat à sa propre succession sur une circonscription où le FN a réalisé de très bons résultats dimanche, a une nouvelle fois fait entendre sa voix discordante. Dans une interview publiée mardi, il s’interrogeait à nouveau sur «la pertinence du maintien d’un cordon sanitaire autour» du FN, invoquant des «convictions communes avec le FN, notamment sur le souci de préserver notre identité française». Hier matin, Alain Juppé a réagit dans un communiqué lapidaire envoyé par son service presse : «Alain Juppé désapprouve fermement ces propos en totale contradiction avec la position du bureau national de l’UMP. En conséquence, il n’ira pas soutenir M. Garraud avant le 2ème tour de l’élection législative».
«Une erreur politique»
Quelques heures plus tard, Jean-Paul Garraud (qui doit affronter dimanche le socialiste Florent Boudié arrivé en tête au premier tour sur la 10e circonscription de la Gironde) réagissait à son tour. «C’est, à mon sens, une erreur politique majeure. Ce n’est d’ailleurs pas la première», affirme Jean-Paul Garraud à propos de la décision d’Alain Juppé de ne plus soutenir sa candidature. Il dit regretter «à titre personnel» que le maire de Bordeaux «n’ait pas maintenu sa candidature à la députation» après la présidentielle, jugeant que cette décision risque «de fragiliser une toujours possible majorité que nous pourrions obtenir au soir» du 2e tour. «Que me reproche-t-on? En réalité, d’avoir dit la vérité et d’écouter le peuple». «La représentativité du FN pose aussi question. Il faut y répondre (...) Si nous ne répondons pas à toutes ces questions, les tensions monteront et c’est dans la rue que les choses se régleront. Je le refuse car je suis un démocrate», écrit-il. «J’ai formulé des interrogations tout en refusant les alliances», poursuit-il, affirmant rester «sur la ligne qui a toujours été la (sienne) : le discours de vérité, sans tabou, langue de bois, politiquement correct».•