L’équipe actuellement dirigée par Pekerman pérégrine sur les terrains du continent comme le ferait un funambule. Le funambule marche sur son fil, tête baissée, sans s’adapter à un quelconque environnement. La Colombie l’imite à la perfection, puisqu’elle ne possède pas (encore) de plan B. Elle dépend entièrement des performances de ses stars, Falcao, Freddy Guarin, Dayro Moreno, James Rodriguez ou encore Luis Amaranto Perea, et se résume de plus en plus à une somme d’individualités. Le trop-plein de technique a relégué l’aspect tactique sur le banc de touche, et c’est bien là le dilemme principal. L’expérimenté entraineur argentin va devoir faire des miracles pour construire une base solide et inculquer une science du jeu collectif à ses poulains.
Autre problème que Pekerman aura à cœur de résoudre, le déclin tragique des clubs colombiens. Pourquoi l’argentin devrait-il s’intéresser à cette crise identitaire ? Tout simplement parce que son rôle demeure aussi de dénicher des futurs talents, de contribuer à la bonne marche du football cafetero et qu’il ne peut se cacher derrière une casquette de « sélectionneur à mi-temps ». Aucun joueur issu du championnat local n’est titulaire dans l’équipe nationale. Face à l’Équateur, seuls 4 « locaux » avaient été convoqués, dont 2 gardiens.
La meilleure illustration d’un football colombien en perdition ? Les résultats des clubs dans les compétitions internationales. Pas de vainqueur de la Copa Libertadores depuis 2004 et le surprenant Once Caldas, dernière équipe colombienne ayant rallié la finale. Cette année, l’Atletico Nacional de Medellín n’a pu faire mieux qu’un quart de finale. Et que dire des résultats colombiens en Copa Sudamericana. Si ce même « Verde y Blanco » avait atteint la finale en 2002, pour la première édition de la compétition, depuis c’est le néant absolu. Sans oublier la descente aux enfers du Deportivo Cali, relégué en 2nde division en décembre dernier.
La crise actuelle peut être endiguée, mais la Fédération Colombienne de Football et José Pekerman et son staff devront tous travailler main dans la main. Le prochain défi face à l’Uruguay, match qui se jouera dans l’ambiance brulante de Baranquilla, pourrait donner un premier aperçu des avancées réussies. Sinon…Le rêve mondialiste risque bien de s’envoler et avec lui les espoirs de tout un peuple.
Maurice Neyra