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La crise identitaire du football Colombien

Publié le 13 juin 2012 par Rene Lanouille

Falcao est décevant en équipe de Colombie Falcao est décevant en équipe de Colombie Le « rêve colombien », sûrement une chimère engendrée par la « success story » de Radamel Falcao García, nouvelle coqueluche du football européen. Ses exploits répétés en Europa League (16 buts l’an passé, 12 en 2012), sa destruction massive des défenses portugaises puis espagnoles, ont contribué à faire oublier que l’ancien de River Plate a toujours été plus brillant en club que sous les couleurs nationales. Les statistiques ne parlent pas pour le natif de Santa Marta. A Porto, il plante 72 buts en 87 matchs (0,8 but/ match). Un ratio qu’il conserve à l’Atletico Madrid, faisant trembler les files pas moins de 36 fois en 50 apparitions (0,72 b/m). Avec la sélection colombienne, Falcao déçoit, puisque depuis 2007 il a seulement inscrit 11 buts en 36 rencontres, soit moins d’un but tous les trois matchs. Une statistique qui n’égratigne pourtant pas son aura et qui aveugle tant journalistes, que supporters cafeteros. Toutefois, Falcco n’est qu’un symbole du mal qui ronge le football colombien. Isolé en pointe face à l’Équateur, il n’a rien eu à se mettre sous la dent.

L’équipe actuellement dirigée par Pekerman pérégrine sur les terrains du continent comme le ferait un funambule. Le funambule marche sur son fil, tête baissée, sans s’adapter à un quelconque environnement. La Colombie l’imite à la perfection, puisqu’elle ne possède pas (encore) de plan B. Elle dépend entièrement des performances de ses stars, Falcao, Freddy Guarin, Dayro Moreno, James Rodriguez ou encore Luis Amaranto Perea, et se résume de plus en plus à une somme d’individualités. Le trop-plein de technique a relégué l’aspect tactique sur le banc de touche, et c’est bien là le dilemme principal. L’expérimenté entraineur argentin va devoir faire des miracles pour construire une base solide et inculquer une science du jeu collectif à ses poulains.

Autre problème que Pekerman aura à cœur de résoudre, le déclin tragique des clubs colombiens. Pourquoi l’argentin devrait-il s’intéresser à cette crise identitaire ? Tout simplement parce que son rôle demeure aussi de dénicher des futurs talents, de contribuer à la bonne marche du football cafetero et qu’il ne peut se cacher derrière une casquette de « sélectionneur à mi-temps ». Aucun joueur issu du championnat local n’est titulaire dans l’équipe nationale. Face à l’Équateur, seuls 4 « locaux » avaient été convoqués, dont 2 gardiens.
La meilleure illustration d’un football colombien en perdition ? Les résultats des clubs dans les compétitions internationales. Pas de vainqueur de la Copa Libertadores depuis 2004 et le surprenant Once Caldas, dernière équipe colombienne ayant rallié la finale. Cette année, l’Atletico Nacional de Medellín n’a pu faire mieux qu’un quart de finale. Et que dire des résultats colombiens en Copa Sudamericana. Si ce même « Verde y Blanco » avait atteint la finale en 2002, pour la première édition de la compétition, depuis c’est le néant absolu. Sans oublier la descente aux enfers du Deportivo Cali, relégué en 2nde division en décembre dernier.

La crise actuelle peut être endiguée, mais la Fédération Colombienne de Football et José Pekerman et son staff devront tous travailler main dans la main. Le prochain défi face à l’Uruguay, match qui se jouera dans l’ambiance brulante de Baranquilla, pourrait donner un premier aperçu des avancées réussies. Sinon…Le rêve mondialiste risque bien de s’envoler et avec lui les espoirs de tout un peuple.

Maurice Neyra

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