13 juin La loose - Préambule 3/3 Oui. J'ai eu une vie avant. Un gosse plus chiant que la pluie, et que je vois entre deux portes deux week-end sur quatre. Heureusement, il va cahin caha sur ses dix-huit ans. Est-ce parce que sa mère a décidé de l'appeler Eugène, elle a devancé la mode des prénoms de vieux, qu'il nous en veut ? Toujours est-il que son sourire inversé est pire qu'un gravier dans une sandale. Une femme, donc, tolérante jusqu'à l'extrême, mais l'extrême je l'ai dépassé. Elle a tenu cinq ans, record digne. Elle partit avec le boulanger, je lui souhaitai bon vent, j'étais à la limite de m'excuser, mon psy n'a pas jugé nécessaire que je le fisse. Je ne l'ai pas revue depuis. J'ai longtemps réfléchi au moyen de trucider une de mes engeances, comme ça pour le simple plaisir d'une revanche que j'aurais trouvée bien méritée. Notamment Michael, qui n'est pas le pire, mais qui a le mérite d'être orphelin, ce qui m'aurait félicité la tâche : pas de famille pour porter plainte. J'avais même monté un scénario digne des meilleures séries télévisées françaises, et récupéré une batte de baseball dans le fatras des affaires de mon fils, oui, hélas, j'ai un fils. Mais bouffé par la culpabilité j'ai craché le morceau sur le divan et mon directeur de conscience, bien que lacanien, préféra m'hospitaliser, suivant le principe de précaution. Et ô surprise, lorsque je sortis de l'institution, quinze jours plus tard, j'appris qu'on avait assassiné Michael. Nanti d'un alibi en béton, je passais quinze autres jours de convalescence en toute tranquillité. A suivre... demain !
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