770 nouvelles espèces animales sont découvertes chaque année en Europe.... dont plus de 60% par des taxonomistes amateurs ! Une contribution fort utile pour les scientifiques.
Existe-t-il encore des espèces inconnues ? Oui sans aucun doute, en Amazonie, à Bornéo ou au fond des océans. Mais pas seulement ! L'Europe demeure un champ d'exploration extrêmement actif : les scientifiques décrivent aujourd'hui davantage d'espèces en Europe qu'il y a 100 ans !
Issue du programme européen Fauna Europaea, qui a pour la première fois catalogué la faune de tout un continent, une étude vient de montrer que 770 espèces y sont nouvellement décrites chaque année - sans que l'on puisse prédire combien restent encore à inventorier. Menés par Benoit Fontaine du laboratoire " Conservation des espèces, restauration et suivi des populations " (Muséum national d'Histoire naturelle/CNRS) et Philippe Bouchet du laboratoire " Origine, Structure et Evolution de la Biodiversité " (Muséum national d'Histoire naturelle/CNRS), ces travaux révèlent une deuxième surprise : les " taxonomistes bénévoles " contribuent pour plus de la moitié à cet accroissement des connaissances, soulignant leur rôle primordial dans la découverte et la description de la biodiversité. Les résultats de cette étude viennent d'être publiés dans la revue PLoS One par un consortium international de 51 auteurs.
Fruit commun de la bio-informatique et de la taxonomie, Fauna Europaea est la première base de données qui livre les vrais chiffres des différents composants de la biodiversité animale européenne. Depuis 2004, 125 000 espèces y sont ainsi répertoriées, dont 254 espèces de mammifères, 77 espèces de batraciens, 27 666 espèces de coléoptères (charançons, scarabées, coccinelles) et 3 114 espèces de mollusques (escargots, limaces, moules d'eau douce).
La taxonomie est une science parfois décrite comme étant en crise et souffrant du handicap taxonomique (manque de main-d'oeuvre ou de financements, connaissances insuffisantes), mais elle est pourtant extrêmement dynamique. En effet, même en Europe - parcourue en tous sens par les naturalistes depuis plusieurs siècles - des espèces sont encore découvertes aujourd'hui à un rythme sans précédent : une chauve-souris en Grèce, une cigale dans le Bassin Parisien, des crustacés des grottes, des poissons des rivières des Balkans, des acariens dans les névés. Les montagnes et les îles de l'Europe du Sud restent les principaux réservoirs d'espèces inconnues.
Autre fait marquant de cette étude : plus de 60% des descriptions d'espèces nouvelles pour la science sont le fait de taxonomistes non professionnels. Les amateurs sont connus pour constituer une ressource importante dans d'autres disciplines, comme l'écologie ou l'astronomie, mais l'importance de leur contribution en taxonomie n'avait jamais été mesurée jusqu'à présent.
"Il est indispensable de développer un système permettant de mieux soutenir et guider cette ressource humaine, en favorisant, par exemple, une meilleure intégration du travail des amateurs basés sur la morphologie avec celui de professionnels utilisant les outils de la systématique moléculaire" commente ainsi le Muséum national d'Histoire naturelle.
Mathilde Emery