Le bilan établi par la Gendarmerie nationale a recensé plus de 9033 cas de femmes battues en 2007.
Un quotidien tragique. Homicide involontaire. 12
femmes sont mortes en Algérie durant les deux premiers mois de l’année
à la suite de sévices corporels. Elles ont succombé aux coups et
blessures assénés par leurs conjoints ou leurs parents mâles. C’est ce
qu’a déclaré, hier, à Alger, le sous-lieutenant, Wahiba Boumediene. «Nous
estimons que le nombre de ces victimes est plus élevé. Peu de femmes
ont eu le courage de dénoncer leurs conjoints en faisant appel à la
Gendarmerie nationale. Le nombre de celles qui souffrent dans l’ombre
est certainement beaucoup plus important.» Elles craignent le
scandale. Elles préfèrent souffrir en silence et même contracter, pour
les plus jeunes, des unions non souhaitées. Elles ignorent, hélas,
totalement leurs droits.
Dans son rapport, le lieutenant Boumediène
relève que durant la même période 86 cas de coups et blessures sur des
femmes adultes et 86 cas sur mineures ont été enregistrés.
Alger
occupe la première place dans cette macabre situation. Alger, capitale
de la honte. Virilité, masochisme démesuré, ou bien un signe de
lâcheté? Le sous-lieutenant donne une réponse simple. Cette violence
prend ses sources dans «la misère et la pauvreté.»
Et de
préciser que les femmes ayant déposé plainte ont toutes un certain
niveau d’instruction, souligne Wahida Boumediene. Les autres subissent
en silence. A tel point que, a précisé le sous-lieutenant, «les femmes sont même devenues les victimes de leur progéniture directe.»
Ce
phénomène est devenu courant aux quatre coins du pays, affirme-t-elle.
Un fléau en nette progression ces dernières années. En 2007, la
Gendarmerie nationale a enregistré plus de 58 cas de sévices corporels
dans la capitale, 87 cas à Sétif et 50 autres cas à Oran. Le bilan
établi par la Gendarmerie nationale souligne que l’Algérie a recensé
plus de 9033 cas de femmes battues en 2007. Ces violences laissent des
séquelles psychologiques importantes qui conduisent ces victimes, le
plus souvent, vers le suicide. Certes, les pouvoirs publics ne sont pas
restés indifférents à ce fléau.
Plusieurs textes infligeant des peines de prison allant de trois mois jusqu’à la peine capitale, ont été adoptés.
Malheureusement,
plusieurs personnes échappent à la justice par faute de preuves, a
déploré Wahida Boumediene. Et cette dernière de révéler dans son bilan
qu’une trentaine de viols perpétrés notamment sur des mineures ont été
enregistrés. En 2007, 1069 femmes ont été victimes de viols, selon le
même document.
Plus grave encore, la prostitution en Algérie gagne
du terrain. Durant la même période, l’interlocutrice révèle que 12 cas
de prostitution de mineures sur d’autrui ont été enregistrés. Il faut
souligner que la prostitution touche toutes les couches de la société,
notamment les milieux universitaires.
Hakima SMAÏL
L'Expression dz.com