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Derrière les législatives

Publié le 13 juin 2012 par Romlor

Ce lundi, chez nos marchands de journaux, la Une des Echos détonnait. Les gros titres ne portaient pas sur les élections de la veille, mais sur la situation espagnole.

Pourquoi ? Car les banques espagnoles ont eu un besoin urgent de recapitalisation pour faire face à une nouvelle détérioration de l’économie. Les ministres des Finances de la zone euro ont donc voler au secours (pour une énième fois) de la zone euro, en recapitalisant les banques ibériques.

L’Espagne a enfin pris la mesure du désastre : infestées d’” actifs toxiques ” liés à l’effondrement du secteur immobilier, nombre de banques et de caisses d’épargne ont été mises sous tutelle de l’Etat ou sont au bord de la faillite. Le fait le plus saillant : le sauvetage de la quatrième entité du pays, Bankia, dans laquelle il a fallu injecter près de 24 milliards d’euros sous forme de dette publique – soit six fois le montant dont dispose le fonds de garantie bancaire ! D’autres banques pourraient bien chuter. Au total, les actifs douteux liés aux BTP dépasseraient 180 milliards d’euros. Or, astreint à l’impossible tâche de réduire le déficit public de 8,9 % à 5,3 % cette année, le gouvernement n’avait pas les moyens de recapitaliser ses banques en difficulté.

Après la Grèce, le Portugal, l’Irlande…l’Espagne entre dans la tourmente financière. Etant donné son poids (4e PIB européen), le fait était tout sauf anodin.

De même, ce lundi après-midi chez nos marchands de journaux, l’Edito du Monde prenait lui aussi un peu de recul. Point d’analyse politique sur les tenants et aboutissants de législatives. Point de dérivations sur la montée, lente mais insidieuse, du FN. Plutôt une alarme sur le score désastreux de la participation.

Plus de deux Français sur cinq (42,7 % des inscrits) n’ont pas voté. Cette élection n’a pas mobilisé. Les législatives, de tradition, intéressent moins que la présidentielle. Cette fois-ci, l’écart se creuse encore. Le taux de participation avait été supérieur à 80 % le 6 mai ; il n’était plus que de 57,2 % dimanche 10 juin. Il s’agit du taux le plus faible jamais enregistré lors de législatives depuis les débuts de la Ve République.

Que nous dit ce chiffre. L’éternelle rengaine du décalage entre les Français et leur système politique ainsi que la crise de confiance qu’ils ressentent à son égard semble être une explication un peu trop répétée.

Pour ma part, j’ai l’impression que ce n’est pas tant l’élection qui est déconsidérée que les jeux d’appareils, les postures de partis, les « petits services entre amis » que l’on constatent à gauche comme à droite et qui laissent comme un arrière goût de dépossession de son bulletin de vote. Le parachutage de Jean-Luc Mélenchon, de Ségolène Royal, d’Henri Guaino, ne pas convaincus les électeurs de se déplacer ni empêcher ceux qui ont voté de leur préférer l’ancrage local, le candidat du territoire.

Dans les deux cas, démonstration est faîte que les enseignements majeurs d’une journée, les « vrais évènements », ne sont pas forcément là où les médias souhaitent que l’on porte notre regard en priorité.


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