Dans le Monde de Sophie, le philosophe qui s’adresse à Sophie (la « sage »), essaie de lui expliquer simplement les choses. La petite n’a pas dix ans mais se pose les vraies questions. Alors, le philosophe lui répond... Il lui fait par exemple remarquer que lorsqu’elle voit une ombre et se dit « que quelque chose projette cette ombre », elle a une démarche philosophique qui rappelle celle de Platon. Et pour mieux expliquer cette référence, il lui explique « avec ses mots à lui », l’allégorie de la caverne. Dans ce « théâtre d’ombres », les hommes croient que les ombres « sont la seule réalité du monde ». Celui qui se libère est par conséquent ébloui de voir les choses « en vrai » et comprend par étapes ce que cette beauté doit au soleil. Mais comment en convaincre les autres ? Le philosophe est décidément un homme courageux qui n’hésite pas à déranger les autres, à les déstabiliser au point de se faire « tuer » comme Socrate l’a été.
Les éléments épars de cette allégorie sont réunis dans la planche de BD intitulée « Capitaine Caverne ». Il y est question de l’ouverture d’une boite de nuit dont « le boss est grec », une boite de nuit mythique dans laquelle les danseurs trouveront toute une société de contemporains de Platon, épicuriens, stoïciens, Pythagore. Le thème de la boite de nuit, parce qu’il renvoie à l’idée d’ombres et de lumières, de lieux clos, de silhouettes dansantes et d’illusions convient bien à l’image de la caverne. L’une des bulles correspondant aux paroles du personnage y fait explicitement écho : « des boules à facettes qui projettent des ombres sur le mur du fond ». C’est l’un des secrets d’ambiance de la boite et aussi un clin d’œil au lecteur...