Rome, la Chine et le Tibet : le Pape garde-t-il le silence ?

Publié le 20 mars 2008 par Micheljanva

La régularisation de la situation de l'Église catholique dans l'empire du Milieu est l'un des grands défis diplomatiques de Benoît XVI. La répression chinoise au Tibet ne favorise pas les choses. Néanmoins, Benoît XVI a publiquement appelé hier au dialogue et à la tolérance. «Les problèmes ne se résolvent pas avec la violence, mais s'aggravent seulement». Le pseudo-silence du Pape sur les évènements au Tibet a provoqué, en Italie, une polémique. "Il y a un moment pour se taire et un moment pour parler. Nous ­sommes tous proches du peuple tibétain et du peuple chinois", avait commenté, mardi, le ­cardinal Angelo Sodano, doyen du collège cardina­lice. La veille, l'agence officielle d'information des évêques italiens avait publié une note explicative : l'absence de réaction du Saint-Siège n'était pas du «mépris», mais la conséquence d'un «dialogue difficile avec Pékin» dont l'objectif est d'améliorer la situation de l'Église en Chine. Une délégation chinoise était reçue en secret mardi au Vatican.

Benoît XVI avait reçu le dalaï-lama en 2006. En automne, ce dernier s'était entretenu avec le cardinal archevêque de Milan. Puis au début du mois de mars s'est tenue au Vatican une réunion spéciale sur la Chine afin de dresser un bilan de l'action pontificale et de déterminer la stratégie à venir. Le Saint-Siège a alors répété son souhait d'instaurer un dialogue «respectueux» avec les autorités chinoises et de trouver une solution pour réconcilier l'Église officielle, contrôlée par le parti communiste, et l'Église clandestine. Le Pape ne fait pas seulement dans le discours : il agit. Cette réunion en est la preuve, comme la demande formulée à l'évêque de Hong Kong.

Le cardinal Joseph Zen Ze-Kiun dirigera en effet les méditations du chemin de Croix du Colisée, un évènement retransmis dans le monde entier. Vendredi soir, en présence du Pape, les textes du prélat seront lus dans le lieu symbolique des premiers martyrs chrétiens à Rome. Le cardinal est sans ambiguïté sur les persécutions, l'absence de liberté religieuse et la division de l'épiscopat en Chine :

"En pensant à la persécution, nous pensons aussi aux persécuteurs. Pilate est l'image de tous ceux qui détiennent l'autorité comme instrument de pouvoir et ne tiennent pas compte de la justice".

Dans une prière, il demande que «les personnes constituées en autorité» aient «le courage de respecter la liberté religieuse». Ceux qui critiquent le pseudo-silence du Pape, feraient mieux de s'en prendre aux gouvernants, dont les compromissions avec le régime chinois crient scandale.

Michel Janva