On s'énerve beaucoup aujourd'hui. Surtout autour du tweet désastreux de Valérie Trierweiller. Des voix s'élèvent pour dire que cela nous distrait des marchandages entre le Front National et l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP), qui arrangent tranquillement leurs désistements dans l'ombre médiatique.
C'est donc l'heure des distinctions. Je ne serais pas choqué par l'entrée d'élus frontistes à l'Assemblée Nationale. J'encourage l'UMP d'assumer pleinement sa dérive droitière, pas dans l'ombre mais en plein jour. Allez-y les gars. Profitez.
Premier point : l'entrée du Front National à l'Assemblée. Ce qui est choquant, c'est qu'autant d'électeurs choisissent ce parti. Le véritable problème est là. Exclure le Front National en jouant sur les rouages du système électoral a plusieurs effets néfastes. Par principe démocratique : il faut faire confiance au peuple, même quand il se trompe, dans les limites de l'état de droit. Par stratégie aussi : exclure le FN revient à donner raison à l'argument anti-élites ; les exclus de la société trouvent leur miroir dans un parti lui-même exclu. Et, enfin, le fait de faire entrer des élus dans le système les expose à l'échec, aux difficultés réelles de la vie politique réelle.
Quant à l'UMP, on nous dit que le "base" veut encore plus de rapprochement avec le FN. La guerre des chefs ne serait pas entre seulement entre Copé et Fillon, mais entre Copé, Fillon et Le Pen. Qu'ils assument alors. Qu'ils laissent leur parti se dévorer par ce qui en constitue une frange idéolgique. (Le poids de l'option xénophobe est surtout dû au fait que c'est la seule zone d'expansion possible pour l'UMP.) Sont-ils prêts à affronter les conséquences ?
Car en faisant sauter les digues, en minimisant la différence entre l'UMP et le FN, en adoptant, comme l'a fait Nicolas Sarkozy, la quasi totalité des mesures du programme de Marine Le Pen, les irresponsables de l'UMP laissent celle-ci se rapprocher d'eux et de leur pouvoir, de leur "respectabilité" ou ce qu'il en reste. Il y aura un échange et ce ne sera pas beau. Le loup dans la bergerie, ce n'est pas quelques députés FN à l'Assemblée, c'est le début d'une dette envers Marine Le Pen à l'UMP.