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Quand la planète média s'emballe sur un Tweet

Publié le 12 juin 2012 par Juan
Quand la planète média s'emballe sur un Tweet Ce mardi 12 juin, les sujets ne manquaient pas. Des enfants utilisés en bouclier humain en Syrie à la crise espagnole, de l'affaire Bettencourt à la proposition de loi contre le harcèlement sexuel, de l'appel à la concertation de François Hollande au trouble de l'UMP face au Front National.
Mais la planète médiatique s'était saisie d'une autre affaire, une de celles qui alimente buzz et commentaires en cascade si facilement.
La compagne de François Hollande s'était immiscée dans la campagne rochelaise, par Twitter interposé.
Affaire
Il y avait cet avocat et cet homme d'affaires placés en garde en vue la veille dans le cadre d'un des volets de l'affaire Bettencourt, soupçonnés d'avoir abusé de la santé fragile de la milliardaire. Et la troisième mise en examen de Patrice de Maistre, cette fois-ci pour trafic d'influence. Les juges lui reprochent d'avoir moyenné l'embauche de Florence Woerth, épouse du trésorier de l'UMP et ministre du budget de Nicolas Sarkozy, contre plusieurs services dont sa propre légion d'honneur.
On apprenait que la protection rapprochée de Nicolas Sarkozy, composée d'une dizaine de personnes, coûterait 700.000 euros par an.
Il y avait aussi cette relance de l'affaire Merah. Deux journalistes du Point venaient de publier un ouvrage («Affaire Merah, l'enquête » d'Eric Pelletier et Jean-Marie Pontaux), le premier sur ce mystère. Comment ce trop jeune terroriste était-il passé aux travers des mailles du filet du contre-espionnage français ? Des zones d'ombre demeurent. Mohamed Merah était-il déjà mort avant l'assaut ?
Crise financière
Il y avait à nouveau la crise financière. L'annonce d'un plan d'aide de 40 à 100 milliards d'euros aux banques espagnoles, samedi dernier, avait soulagé les marchés... quelques instants à peine. Comme toujours, le mécanisme européen peinait à se préciser.
Samedi, l'Espagne avait obtenu les 100 milliards d'euros qu'il lui manquait pour recapitaliser ses banques. François Hollande s'est exprimé de Tulle sur le sujet. L'annonce suivait trois heures de conférence téléphonique entre les ministres des finances de l'eurogroup. « C’est un moment important dans la résolution de la crise, cette nouvelle est de nature à renforcer la confiance dans la zone euro, où la culture de la solidarité se répand. Le signal est fort, serein, massif » a déclaré Pierre Moscovici au JDD. L'an dernier, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel avaient promis que l'aide à la Grèce serait la seule et la dernière. On savait qu'il n'en serait rien.
Lundi matin les marchés financiers semblaient soulagés, à en croire les remontées d'indice ici ou là. Mais l'acalmie fut de courte durée: l'Espagne devait emprunter aux taux records de 6,45 puis 6,85% (à 10 ans). Mardi matin, l'agence Fitch dégradait la note de 18 établissements bancaires du pays, tout comme celle, en France, du Crédit Agricole. Et l'économiste Jacques Sapir s'inquiétait sur une prochaine crise... italienne. La ministre autrichienne des Finances venait d'affirmer que l'Italie risquait prochainement de demander de l'aide.
A Paris, François Hollande s'essayait à prévenir la planète finance: « la croissance ne naîtra pas de dépenses publiques supplémentaires ». Invité du 20 heures de France 2, Jean-François Copé dénonça un futur « tour de vis fiscal » après les législatives... L'argument était rapide. On se souvient des 45 milliards d'euros d'imposition supplémentaires prévus mais non détaillés dans le programme de Nicolas Sarkozy, repris par l'UMP pour 2012-2017...
#UMPFN ?
Parmi les sujets du jour, il y avait bien sûr les suites du glissement officieux et troublé de l'UMP vers l'électorat frontiste. Mardi était le dernier jour pour confirmer les maintiens ou retraits au second tour des élections législatives. Nadine Morano s'affichait en couverture de l'hebdomadaire Minute. A Arles, l'UMP Roland Chassain se désistait ... en faveur de la candidate frontiste Valérie Laupies contre le socialiste Michel Vauzelle  aux cris de « Tous contre Michel Vauzelle ! ». François Fillon a réclamé son expulsion. Autre candidat, Philippe Boënnec, députant sortant UMP de la 9e circonscription de Loire-Atlantique, en ballottage défavorable face à une candidat socialiste a souligné ses « vraies valeurs communes avec le FN ». 
 
Sa consoeur Brigitte Barèges, députée UMP de la 1ere circonscription du Tarn-et-Garonne, confiait aux chaînes d'information son ravissement prochain: « Je serais ravie pour Marine Le Pen qu'elle soit élue à l'Assemblée nationale, elle représente un courant permanent maintenant.»
A l'UMP, certains cachaient mal leur malaise. Ils avaient encore 5 jours à tenir. Ainsi Alain Juppé s'est-il égaré à critiquer un vieux compositeur grec, Mikis Théodorakis, qui « affiche aujourd'hui sa foi antisémite » et serait ami de Jean-Luc Mélenchon. La manoeuvre était basse et l'argument erroné. Juppé voulait-il relativiser le ralliement de certains de ses pairs au Front National ?
Il y avait donc beaucoup de sujets d'actualité grave, nationale et internationale.
Affolement tweetosphérique
Mais l'actualité était ailleurs, elle était sur Twitter pour l'essentiel du microcosme médiatico-politique. A 11h56, Valérie Trierweiler publiait un tweet de soutien à Olivier Falorni. Sans appeler à voter pour lui, elle témoignait son affection au dissident socialiste - qui venait d'appeler aux voix de l'UMP pour battre Ségolène Royal à la Rochelle.
Certes, l'affaire était embarrassante. Mais elle prit une ampleur telle qu'elle témoignait d'une envie rageuse d'aspérité dans cette campagne législative.
La Twittosphère, évidemment, s'est emparée de cette intervention. A gauche comme à droite, on s'est jeté dans d'effroyables et interminables commentaires. Il y eut quelques billets, et même un poème. Le Figaro titra sur le soutien fracassant de Trierweiler au rival de Royal. Nous attendions le dossier spécial du Figaro Magazine ce samedi sur ce simple Tweet de 140 caractères. « Quel est l'impact de ce Tweet ? Evidemment, on n'en parle dans le monde entier » s'exclamait Michel Denisot, dans le Grand Journal de Canal+, mardi soir. Le monde ? L'animateur s'emballait. Le « monde » pensait à la centaine de blessés à Tunis, après les  du jour; ou aux manifestations monstres qui se sont déroulées en Russie contre Vladimir Poutine, cinq semaines après sa troisième élection à la présidence du pays. Le « monde », dont la France, s'indignait des nouvelles ventes d'armes russes à la Syrie, ou aux enfants kidnappés par l'armée régulière pour servir de boucliers humains.
Vincent Glad, son expert ès twitter, était en extase pour vulgariser l'incroyable nouvelle. Le premier ministre Ayrault lui-même, avait dû réagir, et assurer Ségolène Royal du soutien de François Hollande.
D'anciens sarkozystes, si pressés hier de fustiger l'abondante couverture médiatique des interventions scénarisées de Carla Bruni, s'empressèrent de railler l'épisode. Pourtant, comme le commentait Elie Arié sur les Coulisses de ce blog, « il ne restait que 2 candidats à La Rochelle, l’une soutenue par le PS, l’autre soutenu par l’ UMP. »
Il était temps de voter, pour gouverner enfin.


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