Les employés et les ouvriers représentent plus de la moitié de la population active. Or, nous rappelle l'Observatoire des inégalités à quelques jours du deuxième tour des législatives, seul 1% des députés proviennent de leurs rangs.
Effectivement, comme le fait remarquer le site : « Alors que la parité entre les sexes occupe largement le débat public, peu nombreux sont ceux qui s’inquiètent de l’immense sous représentation des groupes sociaux les moins favorisés.
Et pourtant, ça n'a pas été toujours le cas, puisque : « (...) Les catégories populaires (ouvriers et employés) représentaient 18,8 % des députés lors de la première législature (1946-1951) de la IVe République, qui comptait 150 députés communistes sur 522. Ce sera la représentation la plus forte depuis la création de l’Assemblée nationale. Mais en 1958, cette part était déjà revenue à 4 %. La poussée de la gauche aux élections de 1967 (Ve république) conduit à une remontée à 9 % de l’ensemble ouvriers et employés (...) Par la suite, la représentation des catégories populaires ne va cesser de se réduire, alors que cet ensemble constitue toujours environ la moitié de la population active (...) »
Cliquer sur l'image pour l'agrandir
Ce constat est également partagé par A. François et E. Grossman qui ont publié : « Qui sont les députés français de la Ve République ? » dont une synthèse est disponible sur le site La vie des idées
« L’enquête sur les députés français de la cinquième République soulève deux enjeux principaux. Le premier porte sur la correspondance de ces élus par rapport à la population française. Sont-ils représentatifs de la population française, ou au contraire, représentent-ils un groupe socialement et économiquement homogène, et distinct des électeurs, monopolisant le pouvoir politique ? (...) »
Sans aller aussi loin, il est évident que les partis de gouvernement ont de moins en moins envie d'investir du temps et de l'argent pour transformer des militants en candidats, et ont tendance à chercher leurs jeunes recrues dans les grandes écoles, dont la professionnalisation est un atout majeur.
Ce qui se traduit par une représentation de 59% des cadres et profession intellectuelles supérieures. Sachant que si on y ajoute les professions libérales, on obtient les trois quart des députés.
Cette situation donne lieu à chaque élection à des emballements dans le monde politique. En effet, d'élections en élections, les partis politiques revendiquent le vote des ouvriers et employés. La gauche au nom de la tradition, l'UMP qui n'a cessé de parler de la « classe moyenne » en opposition aux assistés et le Front national qui s'est auto proclamé parti des ouvriers.
Or, le fait de côtoyer des ouvriers et employés lors de distributions de tracts ou de parler d'eux avec leurs employeurs n'apporte pas de vrais réponses à ces populations à qui pourtant on impose des modifications permanentes des droits sociaux ou du travail. En effet, comment se faire entendre à l'Assemblée Nationale lorsqu'on dispose de seulement 10 élus ouvriers ou employés sur 577 députés ?
Pour changer cette donne, il est indispensable qu'après avoir officialisé la fin du cumul excessif de mandats électoraux, que les partis politiques qui vivent en grande partie des subventions aient l'obligation, sous peine de se voir refuser le financement de l'état, de former et de présenter à toutes les élections (locales comme nationales) un minimum de candidats issus du monde ouvrier et employé.
Où les former et avec quel argent ?
Et bien il n'y aura qu'à utiliser les centres de formation des élus qui pullulent à droite comme à gauche et qui dans certains cas peuvent servir à financer banquets ou cocktails ou des campus.
Il ne reste plus qu'à connaître la position des partis politiques de gouvernement, toujours avides, de plus démocratie ...
A lire aussi Socilogie politique des députés de la Ve République 1958-2007