L’office qui nous accompagne aujourd’hui n’est pas habituel : il est propre aux trois « jours saints » (jeudi, vendredi, samedi). C’est ce qu’on appelle l’office des ténèbres. Dans notre église trône ces trois jours un vaste chandelier, dont tous les cierges sont allumés ; à la fin de chaque psaume, un cierge est éteint. Au terme de l’office, tout est éteint : d’où ce nom de « ténèbres ».
Cet office commence par le chant des Lamentations, ces complaintes écrites après la destruction du Temple de Jérusalem et la déportation des Juifs à Babylone (en 587 avant J.-C.). En hébreu, le titre de ce livre biblique est son premier mot, "Comment!" (qu'on traduit parfois aussi "hélas!"). Ce sont des chants de douleur, pour dire l'incompréhensible de la souffrance. On se lamente, mais on se lamente auprès de Dieu, toujours en sa présence, même si on ne comprend pas...
Dans la liturgie juive, depuis des siècles, on les lit au jour anniversaire de la destruction du Temple ; détail étonnant, c’est le même jour les Romains détruisirent à nouveau le Temple rebâti (en 70 après J.-C), et le même jour on lisait ces Lamentations... Pour nous chrétiens, ces chants de désolation rappellent la destruction du Temple véritable, le corps de Jésus lui-même. L'incompréhensible par excellence. Ils nous accompagneront jusqu’à Pâques, jusqu'à la joie du Ressuscité.
Je ne reviens pas sur ce que le fr. Philippe a déjà écrit, ce matin, sur le lavement des pieds, sinon pour souhaiter à tous un très beau jeudi saint.