"Qu’est-ce qui a bien pu pousser Bea, jeune caricaturiste branchée de 35 ans, à s’inscrire pour une croisière à destination des terres du Grand Nord ? La croisière, d’abord : un concept plutôt destiné au Troisième âge et pas à une célibataire croqueuse d’hommes comme elle... La destination, ensuite : le Spitzberg, dite « Zona frigida », aux confins septentrionaux de la Norvège, ne constitue pas un territoire des plus accueillants. On prétend même qu’il y fait si froid que tous les animaux sont devenus blancs..." (Note Editeur)
Après sa très réussie trilogie des Neshov, Anne B. Ragde nous emmène cette fois en croisière, pour un périple au Spitzberg, zone glaciale aux frontières de la Norvège peu propice à des vacances oisives et détendues. C’est pourtant le choix étrange de Béa, une trentenaire cynique à la vie sentimentale compliquée, incapable d’aimer et d’accepter d’être aimée, sauf de sa fidèle perruche jaune. Alcoolique assumée et caricaturiste de talent, la jeune femme au tempérament d’acier cache un lourd secret de son passé, un secret que cette étrange virée en milieu polaire pourrait bien mettre au jour, brisant ainsi sa carapace névrotique.
Roman puissant, brut, porté par l’écriture subtile d’Anne B. Ragde, Zona Frigida raconte le temps d’un singulier périple le drame d’une femme qui a soif de vengeance. Pourtant, les circonstances inhabituelles vont changer la donne, et cet étrange huis clos entre faux naïfs et vrais escrocs va ouvrir de nouvelles perspectives à l’héroïne. A travers des personnages forts, loin des stéréotypes, ce roman tisse une intrigue minutieusement décalée, dont l’aura tragique est décuplée par l’atmosphère polaire, le dénuement des autochtones et la beauté troublante des côtes norvégiennes et des ours blancs.
Le sujet transpose la souffrance humaine et la maltraitance animale, des thématiques très difficiles à aborder sans virer au mélodrame, exercice savamment réalisé par l’auteur. Roman protéiforme sur l’égoïsme, l’inconscience et la cupidité de ceux qui font passer leur plaisir et leur bénéfice personnel avant toute autre considération morale ou éthique, bouleversant témoignage d’une romancière qui voudrait encore croire en la noblesse du mot humanité.
Conclusion : Un roman inclassable qui ne laisse pas indifférent.
Pour en savoir plus :
10/18 / Mai 2012
357 pages
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