Si en ce moment je passe moins de temps à scruter certains passages de la Bible, mon cerveau n’en a été pas moins occupé : le dernier livre de Christine Pedotti «La bataille du Vatican 1959 – 1965 » est un vrai bon livre qui au-delà de vous remuer les neurones, vous divertit vraiment (si, si, un livre spi qui divertit, c’est possible !).
Je ne connaissais rien de Vatican II si ce n’est quelques paragraphes de Gaudium et Spes ou ceux concernant l’apostolat des laïcs (et la position des femmes dans l’Eglise). Forcément, je n’ai pas connu le temps poussiéreux d’avant Vatican II si ce n’est par les nouvelles d’Alphonse Daudet, ou par l’observation minutieuse de ma grand-mère marmonnant des prières en latin. Dans tous les cas, je n’ai jamais considéré l’avant Vatican II comme le « bon vieux temps ».
Du coup, je dirai que le livre de Christine Pedotti est une excellente entrée en matière pour les néophytes comme moi. Mais probablement un très bon complément pour les plus aguerris de Vatican II mais qui veulent se remettre dans le contexte de manière vivante. Car le tour de force de Christine Pedotti réside bien dans le fait de rendre attrayant, vivant, voire plein de suspense, ce qui à priori n’est que successions de réunions barbantes de prélats dans les années 60. Sous sa plume, non seulement les protagonistes prennent vie avec leurs convictions, leur sincérité, leurs doutes et leurs combats, mais aussi et surtout les textes deviennent eux-aussi de vrais personnages du roman à part entière, de leur naissance à leur vote final. A travers les lignes l’on assiste aux espoirs, aux tensions, aux combats, aux résignations, aux victoires, aux stratégies de ceux qui ont l’intime conviction que les choses doivent et peuvent changer (ou pas !).
Le livre est extrêmement bien construit, de manière chronologique, mais où l’auteur se met successivement dans la peau de prélats, d’experts, de journalistes pour conter ces folles journées qui ont changé la face de l’Eglise. Je n'ose imaginer (enfin, si, quand on voit la bibliographie à la fin, on se doute un peu...) le temps que l'auteure à passer à se plonger dans les archives, les carnets des théologiens, les textes des uns et des autres pour nous rapporter la vie de ces hommes comme si nous y étions. Titanesque. Ainsi raconté, Vatican II devient accessible, bouillonnant, vivant. Et au-delà de l’histoire même, pour les croyants comme moi, c’est une immense leçon de vie qui est donnée. Vie des textes de Vatican II, que l’on peut considérer comme « acquis » aujourd’hui et qui pourtant mériteraient d’être dépoussiérer, de ne plus être considérés comme acquis pour leur redonner cette flamme voulue par les Pères conciliaires. L’élan de Vatican II a-t-il été exploité jusqu’au bout, ou doit-on aujourd’hui encore aller tirer à la substantifique moelle de ces textes pour faire avancer l’Eglise dans le XXIe siècle ? Il me semble, que les clés laissés par les pères et théologiens sont là, sous nos yeux, et ne demandent qu’à ouvrir les portes qui font que l’Eglise et la Parole qu’elle porte sont vraiment présentes au cœur de ce monde.