Enfin des couleurs, façon de parler puisque l’édifice inauguré le 1er mai 1938 est un vestige de l’Art déco. «Et comme tous les grands travaux réalisés durant cette période, le béton est la base principale de la structure», rappelle l’adjoint à la culture et à la protection du patrimoine Dominique Ducassou lors d’une visite de chantier. L’élu est heureux de voir la Bourse du travail avoir droit à une seconde jeunesse. «À Bordeaux, on parle beaucoup des majestueux bâtiments du 18e siècle mais de nombreuses constructions ont été réalisées dans le style Art déco. Entre la piscine Judaïque, le stade Chaban-Delmas et donc la Bourse du travail, le patrimoine de la ville en la matière est tout simplement fabuleux».
Outre ce style architectural trés prisé par le maire de l’époque Adrien Marquet et Jacques D’Welles, urbaniste de la ville, l’élu en profite pour souligner également «l’imprégnation culturelle» du bâtiment. Il cite notamment l’artiste Jean Dupas, peintre bordelais, qui a réalisé la somptueuse fresque de la grande salle Ambroise Croizat. «Des artistes locaux de notoriété internationale» ont donc mis aussi la main à la pâte dans ce quadrilatère qu’est la Bourse du travail, classée monument historique en 1998. Mais les années ont fortement dégradé le bâtiment, propriété de la Ville et siège historique de la CGT. La Ville, l’état, la Région et le Département ont donc décidé de venir en aide à ce grand corps malade en 2001 pour un montant global de 4,5 M€.
Rénovation de l’atrium
En 2002, une première phase de travaux s’est déroulée «afin de sauver l’immeuble dans un premier temps» en effectuant tout d’abord des travaux au 3e et 4e étage avec, notamment, la mise hors d’eau de cet ouvrage. Après une interruption, la 2e phase des travaux a débuté début 2012. Il s’agit, dans un premier temps, de restaurer l’atrium (cour intérieure située au dernier étage). Si les travaux ont déjà débuté, il faudra patienter près d’une année pour faire revivre cet espace de 600 m2, les travaux étant techniquement complexes pour retrouver le lustre d’antan. C’est le cas pour le carrelage, par exemple, pour lequel il a fallu refaire faire le moule d’origine. «Ici c’est un travail de couture», confie Carole Le Maréchal, architecte en charge de la rénovation. Elle insiste sur la complexité pour recréer les pavés qui composent la verrière au plafond de l’atrium. «Des pièces techniquement compliquées car légèrement courbées», confirme Yvanh D’Agrain, conducteur de travaux pour la société Dagand Atlantique.
Pour accéder à ce chantier, un échafaudage a été installé courant janvier sur la façade donnant sur le cours Aristide Briand. Cela permet également d’anticiper la future rénovation des façades de la Bourse du travail, lesquelles sont fortement érodées, à raison grosso modo d’un an de travail pour chaque façade. «Comme la cathédrale, on va tourner dans le sens des aiguilles d’une montre», indique Fabien Robert, maire-adjoint du quartier. Pour mieux remonter le temps... •
Nicolas Bochereau