Magazine Culture
éditions Sarbacane219 page15.50 euros
Présentation de l’éditeur :
Vilor est flic. Flic dans une toute petite ville où rien ne se passe. Et pourtant, le mal y pointe son nez comme partout : la preuve, il y a un meurtre.
Pour Vilor, c’est important bien sûr cette histoire de meurtre, mais ce qui l’est tout autant, c’est Blanche, la fille du mort. Parce que tous les hommes tombent raides dingues rien qu’en la regardant, et que Vilor est un homme comme les autres…
L'avis de Phooka:
Préambule (dans lequel Phooka vous raconte sa vie):
Quand Exprim' nous a recontacté pour nous proposer ce polar, Dup a pris peur (je crois qu'elle n'est toujours pas remise de L'enfant nucléaire) , quant à moi je dois reconnaître que je n'étais pas très chaude. Pourtant j'ai bien aimé Le journal infirme, mais clairement Exprim' a une ligne éditoriale hors du commun et on peut s'attendre à tout. Finalement je m'en suis ouvert à notre contact qui m'a dit que ce polar là était très différent des autres romans et je me suis laissée convaincre.Une fois le livre reçu, je l'ai mis dans ma Pile Urgente des SP à Lire (PUSPAL), mais il y est resté quand même un bon moment. Et puis un matin, j'ai pris le livre, lu les premières lignes, puis les premières pages, puis tout le roman d'une traite !
La chronique:
Vilor (oui Vilor et non Victor, en lisant le livre vous saurez pourquoi) est un gendarme, chef de la petite brigade d'une toute petite ville paumée dans la campagne picarde. Vilor est un gars du coin, il connait bien tout le monde et surtout tout ce que les gens cachent derrière leurs murs.Vilor a 24 ans et il est éperdument amoureux de Blanche, comme tout le village d'ailleurs. Car Blanche ...c'est Blanche. 17 ans, belle à damner un saint, tous les hommes bavent en la voyant. La vie est tranquille à Etrenjoie, entre les poivrots et les voitures mal stationnées, la routine. Et puis un beau jour, on retrouve le père de Blanche, poignardé et noyé dans une fontaine proche du village. Un assassinat comme dans les série télé. La révolution à Etrenjoie. Vilor et sa petite bridage vont mener l'enquête. Mais "dans la vraie vie" les enquêtes c'est long, on ne trouve pas forcément le meurtrier et puis Blanche est bien plus passionnante ...
Une histoire banale, dans un cadre banal avec des gens ordinaires (je dis ordinaires parce que je sais pas si je dois mettre banals ou banaux ! mdr). Bref, rien d'extraordinaire. sauf que Vilor aime les gens et quand il raconte son histoire (c'est Vilor le narrateur), le lecteur ressent cet amour à travers ses mots. Depuis la couvée de canards, à T'chot le gamin de 5 ans jusqu'à l'idiot du village, Vilor nous les présente, nous les fait découvrir, nous les fait aimer. Il nous entraîne aussi derrière les murs, nous fait comprendre leurs peines de petites gens, leur courage, leur bonté. Leurs difficultés aussi, que Vilor aimerait tant soulager. Il ressent la misère du monde avec une force exacerbée et on comprend que sa fonction de gendarme lui corresponde tellement bien. Il veut défendre la veuve et l'orphelin, mais aussi les enfants battus et violés, la face obscure de ce qui peut se cacher dans certaines maisons.
Un superbe récit, vu par les yeux de Vilor, mais on sent derrière les yeux et l'âme de l'auteur. Un amour profond pour cette région Picarde et pour ces petits villages/villes (note: quand j'ai lu le livre je me suis dit que ça aurait tout à fait pu se passer dans mon village en Normandie et sans doute ailleurs aussi). On ne peut pas rester insensible à cette lecture. Le polar est une excuse, une sorte de leurre pour entraîner les lecteurs et leur faire découvrir ces gens et cette terre. Mais même si l'enquête n'est pas le sujet principal, sa conclusion n'en est pas moins belle et surprenante.
De plus l'histoire est servie par une belle écriture qui se dévore, les dialogues en patois sont croustillants et rajoutent une touche savoureuse.
Un vrai coup de cœur pour ce roman/polar, proche des gens, plein d'amour et d'espoir, plein de vie. Un vrai délice à lire. Merci à Exprim' de m'avoir permis de le découvrir.
PS: C'est le première fois que je vois T-shirt écrit ... ticheurte ! :)
Une autre chronique coup de coeur chez Mélo