Revue de presse
Une réserve cependant, – une fois n’est pas coutume – à propos d’Article 11, dont Mathieu Léonard signale la plus récente parution : « On ne présente plus le mensuel, disponible en kiosques, Article 11 et son équipe de sérieux déglingos (d’après une rumeur qui court dans le 9-3). À ce propos, ils nous livrent dans leur numéro 9 un entretien avec Arnaud Aubron, animateur du blog Drogues News. Il y rappelle une ironie de l’histoire : « Les militaires américains ont conduit beaucoup d’expériences sur l’usage des drogues. Avec toujours cette idée qu’ils maîtrisaient la situation. Une belle erreur, dont le projet MK-Ultra, mené par la CIA, fournit l’illustration : beaucoup de ceux qui ont lancé la vogue du LSD au début des sixties aux États-Unis sont passés par MK-ultra en tant que cobayes. […] D’une certaine manière, la CIA a ainsi contribué à l’essor du mouvement hippie. »
Il est toujours tentant de croire ses ennemis plus stupides qu’ils ne sont en réalité. Dire que la CIA a contribué à l’essor du mouvement hippie, c’est une formule plaisante, mais un peu rapide. D’une part, le mouvement hippie dans son ensemble n’a pas causé beaucoup de maux de tête au gouvernement américain. D’autre part, abreuver les contestataires de psychotropes présente deux avantages : ça permet de les assommer à peu de frais, et de les emprisonner quand le besoin s’en fait sentir. La drogue a fait beaucoup plus de mal que les forces de l’ordre américaines à toutes les populations qui menaçaient, directement ou indirectement, de remettre en cause le système, de la Beat Generation au Black Power, des hippies aux rappeurs, pour aller vite à notre tour. La tactique est régulièrement remise à jour : on sait depuis l’enquête de Gary Webb que la CIA a facilité l’entrée de crack cocaïne dans les quartiers noirs des grandes villes de l’Ouest du pays dans les années 80, pour aider au financement illégal des mouvements contre-révolutionnaires au Nicaragua. Les ravages de cette substance particulièrement nocive n’ont pas ému grand monde et le scandale a été étouffé sans trop de problèmes, malgré les efforts de quelques journalistes courageux. D’innombrables américains, pauvres et Noirs pour la plupart, en ont payé le prix, ce qui arrangeait tout le monde, puisqu’on ne savait de toute façon pas quoi en faire d’autre…
(Encore une fois, on pinaille… C’est une bonne chose : en lisant Libération, par exemple, on ne peut pas pinailler, on est obligé de se donner du mal pour sauver quelque chose. Un type nommé Bayon, qui, selon nos informations, aurait reçu un prix littéraire il y a longtemps, écrit à propos de Nicolas Repac : « Black box de Repac, titre impec, réconcilierait avec le gangsta-rap FM, via proto-slam d’entrée. (…) C’est du spiritual global, entre bwiti et work songs, pow wow et spleen cymbal ; mélopée morna ragtime sur la piste hobo stomp du rail maudit de Frontière, « Mojo working » et Voodoo blues au train »… Ca continue comme ça sur deux feuillets. Je dois être déjà un peu trop ringard pour apprécier une virtuosité langagière si farouchement moderne.)
On louera la clarté du propos : « C’est regrettable pour François Hollande, mais la nécessité d’une libéralisation du marché du travail est le résultat direct d’une appartenance de la France à la Zone euro, aussi ne peut-on avoir l’une sans avoir l’autre…»
Dans le même registre, Le Monde nous informe que la France accueille Rosoboronexport, le vendeur d’armes de l’Etat russe, du 11 au 15 juin, au salon international Eurosatory, inauguré par Jean-Yves Le Drian, tout nouveau ministre de la Défense « socialiste » : « Quinze mois de bain de sang en Syrie, accompagné par une tenace « protection » russe offerte à Damas, n’auront pas suffi, manifestement, pour décourager pareille présence commerciale. La Syrie s’enfonce dans la guerre civile, mais sur le marché, c’est « business as usual »…
Voilà un très net changement-c’est-maintenant-! avec la politique des gouvernements précédents en matière de commerce de canons.