"Je ne serai pas disponible pour garder vendredi, je suis invitée à une soirée du grand prix".
Ce serait une sacrée soirée ce soir-là, elle se promettait beaucoup de plaisir entre amis. En préparation pour ce vendredi sacré, elle allait quitter vers 17h00 car un 5 à 7 était prévu en ville avant la soirée en l'honneur Grand Prix.
En quittant la maison, elle croisa la petite Marie-Soleil, 9 ans, cette voisine qu'elle aurait pu garder ce même soir.
Marie-Soleil avait l'air intimidée. Même si elle connaissait Lori depuis toujours, elle était soudainement gênée face à elle. Il y avait 10 ans de différences entres les deux filles mais une complicité fraternelle existait généralement entre les deux filles.
"T'avais besoin d'une gardienne hein je pense?" demanda Lori.
"Oui j'en ai une, ça va être Marianne, la fille des Souque sur la rue Côté, elle va venir après la soirée des bebittes... Pourquoi tu peux pas toi?"
"Parce que j'ai une soirée avec des amis en ville...je peux pas..." dit Lori avec une moue de fille foncièrement déçue.
"Je vais au Grand Prix"
"C'est tu pour ça que tu t'habille comme ça?"
"Que...que quoi?"
"...C'est quoi le Grand Prix?" demanda Marie-Soleil.
Lori pensa une fraction de seconde que c'était elle le Grand Prix à se déguiser en bonbon pour l'oeil. Le faisait-elle pour plaire à Sean ou à Erwin? Le faisait-elle pour rivaliser avec Daniela ou Sandy qui seraient assurément les deux plus belles femmes, les plus désirées de son groupe de la soirée? Le faisait-elle finalement pour mieux s'intégrer à la parade? Peut-être tout ça en même temps. Elle ne le faisait certes pas pour elle. Enfin un peu, elle en avait envie. En avait-elle envie? Ben oui, elle en avait envie.
"C'est une grande fête avec plein plein plein de monde..."
"Qui?..." demanda trop vite Marie-Soleil
"Qui?...plein plein de monde de partout..."
"Moi je pourrais y aller?"
"Euh...pas vraiment c'est une soirée pour grands..."
"Toi t'es grande..."
"Oui..."
"C'est pour ça que tu t'habilles comme ça..."
Sa tenue finalement...
"Tu me trouves pas belle?"
"Ben j'sais pas..." dit Marie-Soleil, gênée.
Elle lui donna un bec sur la tête et lui dit que Marianne était une fille adorable et qu'elle aurait beaucoup de plaisir avec elle, autant qu'elle en ville entre amis. En quittant, elle n'était plus complètement convaincue de la dernière partie de ce qu'elle venait d'affirmer. Allait-elle se sentir vraiment l'aise dans sa tenue un peu agace? Au volant de sa voiture elle ne conduisait pas autant qu'elle se sentait conduite. Comme placée sur un tapis roulant électrique.
"Hai visto ciò che ho visto?"
"Il piccolo Palladini..."
"È cresciuta..."
"...Qué?"
"la piccola ed il pute"
"oooooooh come on..."
Et ils en parlèrent toute la nuit dans le ténébreux 450.