Vous connaissez l’hébergement d’urgence des harkis et de leurs familles dans les camps. Comme vous le savez, six camps ont été ouverts à la hâte par l’armée en 1962pour héberger les harkis et leurs familles.
Ces camps n’ont cependant pas tous été ouverts en même temps, si bien que certains ont fonctionné successivement et d’autres simultanément. Les plus connus sont : Saint-Maurice-l’Ardoise (Gard), Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), puis Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme), La Rye (Vienne), Larzac (Aveyron) et Bias (Lot-et-Garonne).
Tous ces camps ont fonctionné comme des camps de transit et ont hébergé depuis l’été 1962, les anciens supplétifs et leur famille.
Cependant, la grande majorité des harkis ont connu les mêmes conditions d’accueil et d’installation. Par la suite, les harkis ont dû quitter progressivement les baraquements de ces camps pour s’installer dans d'autres baraquements répartis sur le territoire national. Des harkis ont pu s’établir en Normandie dans l'agglomération rouennaise, dans la Somme à Poix, à Vic-le-Comte, dans le Puy-de-Dôme, dans l’Indre-et-Loire dans la commune de Château-Renault, dans le Loiret à la cité de l'Herveline.
Ici, nous allons parler de Saint-Avé. Nous reprenons un article et une vidéo qui résume très bien le jour de l'inauguration en 1964, les harkis installés dans la Cité des Ajoncs à Saint-Avé. Signalons encore que d’autres familles ont été installées dans d'autres camps ou nous lançons un appel à parler des camps transités par les harkis de 1962 à 1979.
C'est une histoire extrêmement silencieuse, dont même les pierres ne parlent plus. Et pour cause. Il ne reste rien, en effet, du village de Harkis inauguré en 1964 à Saint-Avé, au lieu-dit La Terre Rouge. Pas un mur, pas une plaque. Juste une vidéo muette du préfet coupant le ruban bleu-blanc-rouge, devant des réfugiés endimanchés. Quelques articles de presse. Juste le souvenir des personnes ayant vécu ce morceau d'histoire.
Vingt et une familles algériennes.
Et pourtant, vingt et une familles algériennes ont vécu à la Cité des Ajoncs, le nom du village. Les Siali, Tamrabet, Yachaal, Abada et bien d'autres, contraints de fuir l'Algérie pour avoir choisi la France. Réfugiés dans un pays peu préoccupé par leur sort.
Ces familles ont cependant pu compter sur des soutiens individuels. Comme les Siali, passés par le camp de Harkis de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales, avant d'atterrir à Saint-Avé, après un passage dans une porcherie désaffectée de Guéhenno.
Le souvenir des couvertures militaires « qui grattent ».
Si le souvenir des transports dans les camions militaires, des torches pour trouver de la place sous une tente, les cantines et couvertures militaires « qui grattent » est vivace, le nom des bénévoles qui les ont accueillies dans le pays vannetais l'est également : « Gilles Denis, madame Lagadec à la préfecture, les religieuses de Ménimur, mesdames Guhur, David ou Le Drévo. Honnêtement, on a été bien accueillis. »