Magazine Cyclisme

Une biographie de Roger Pingeon par Bertrand Duboux

Publié le 11 juin 2012 par Jeanpaulbrouchon

De 1978 à 2008, notre collaborateur, Bertrand Duboux, fut la voix du cyclisme et de la boxe à la Télévision suisse romande. Il publie (aux Editions Baudelaire) un ouvrage sur Roger Pingeon, vainqueur du Tour de France 196, qui, pendant vingt ans, fut son consultant sur la Grande boucle.

Dans le monde du vélo où il a évolué au plus haut niveau, côtoyant notamment Anquetil, Poulidor, Gimondi, Merckx et Ocana, on ne l’a jamais pris très au sérieux. On l’a même considéré comme un farfelu lorsque d’abandons en retours ratés il a voulu reprendre son métier de plombier-zingueur à peine plus d’un an après son arrivée chez les professionnels... Et pourtant, Roger Pingeon a gagné sur un coup d’éclat le Tour de France 1967. Il aurait pu en remporter d’autres, ainsi que des épreuves moins prestigieuses mais de grande renommée. Hélas, la malchance et une incroyable série de concours de circonstances l’en ont privé, l’empêchant d’être apprécié à sa juste valeur.
Un exemple parmi d’autres : le Tour de Suisse 1972. Alors qu’à vingt kilomètres de l’arrivée à Gstaad (4ème étape) il rejoint l’Italien Dancelli, seul en tête depuis le matin, et qu’il compte quatre minutes d’avance sur le peloton, Pingeon est pris d’une soudaine « fringale ». Le Belge Robert Naye, qui dirige l’équipe Peugeot en l’absence de Gaston Plaud, refuse alors de lui passer une banane ou quelques morceaux de sucre, afin de ne pas risquer une amende de cinquante francs suisses et dix secondes de pénalisation ! Devancé par Dancelli dans le « mur » d’arrivée, Pingeon laisse le peloton à 2’29, mais il a perdu une bonne partie de son avantage alors qu’il était en train de créer l’exploit et de gagner le Tour. Il terminera deuxième du classement final à 21 secondes du Suisse Pfenninger ! De quoi attiser son ressentiment vis-à-vis d’une

corporation qu’il estime peu, car trop incompétente et livrant aux journalistes une version qui l’arrange.
Souvent frustré et agacé par des commentaires inexacts, touché dans son amour propre, Pingeon a choisi de limiter ses contacts avec les médias qui, à l’époque, n’avaient d’yeux que pour Poulidor, à la fois son rival et son partenaire en équipe de

France. C’est cet ostracisme qu’il dénonce après quatre décennies de silence et de retenue. Avec la volonté de rétablir une vérité souvent bafouée et déformée.
Il a toutefois fallu le titiller pour que ce champion réservé, intègre et respectueux accepte de revenir sur sa carrière et de remettre en question certains épisodes du Tour de France qui lui restent en travers de la gorge.
Avec le recul, Roger Pingeon a des choses à dire, des révélations à faire, des corrections à apporter. Sur ses déboires, ses échecs et aussi sur l’évolution du sport cycliste et du Tour de France. Parce que des questions se posent toujours. Il n’est plus sur les courses mais il n’en reste pas moins un observateur avisé, avec un sens critique aigu et des réflexions qui s’éloignent du langage officiel. Son discours n’est pas celui de la complaisance. Il dérange, comme à l’époque de sa gloire sur le vélo.

Bertrand Duboux

* "Roger Pingeon, un maillot jaune qui a soif de vérité". 110 pages. 15 euros. Editions Baudelaire. Pour commander : www.editions-baudelaire.com


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jeanpaulbrouchon 535 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines