La bourse n’est pas indifférente à la politique même si, à long terme, seule la croissance compte vraiment. Il nous faut donc tenter d’analyser les évènements récents en France, et en Europe.
Les résultats électoraux en France confirment la bonne nouvelle du 1er tour des présidentielles: l’électorat est fortement à droite, c’est à dire qu’il ne croit plus aux promesses du social à tout prix ni aux mesures « révolutionnaires ». Les sondeurs avaient tout faux quant au front de gauche et aux partis/sectes assimilés. Les électeurs du FN sont révoltés par l’absence de perspectives assumée par les partis majeurs, situation classique en démocratie en l’ absence de caractère chez les responsables politiques. C’était la même situation en 1958 quand le régime de la 4ème République accumulait les déficits et les gâchis, ou en Grande Bretagne avant la victoire de Madame Thatcher (même situation, France et GB se suivent et se ressemblent…). La suite a montré qu’il y avait quand même des solutions et un avenir.
Cette situation où la gauche la plus démago est rejetée devrait donner une bonne liberté d’action au Président de la République. Aucune de ses promesses ne peut tenir devant la nécessité de respecter le pacte européen, qui passe par le retour à l’ équilibre du budget de fonctionnement de l’ Etat. Il n’a pas le choix et donc peut résister à ses « fous furieux ». La tentation de « relancer » à crédit sera jugulée faute de moyens financiers et à cause du risque de krach sur notre dette avec triplement du taux aux niveaux espagnol et italien(150 Milliards de dépenses en plus!) . Les marchés sont à l’ affût d’une nouvelle proie… Car l’ Allemagne ne paiera plus pour sauver des élites politiques locales corrompues ou inconscientes. La hausse des impôts (sur les classes moyennes) permettra d’assainir le budget public dans les 3 ans prochains, soit d’ici 2015. Ce terme coïncide avec la sortie de la récession dans le monde atlantique commencée en 2007 comme nous l’avons toujours écrit ici: 8 années de dépression après 25 années de croissance. Ce sera pénible mais utile. Après, et sauf guerre ou catastrophe mondiale, la reprise suivra. sans relance publique et par le seul jeu du consommateur.
L‘€ ne sera pas « démantelé » même si la Grèce s’en retire. Car aucune grande puissance n’y a intérêt. En effet il serait remplacé par des monnaies nationales massivement dévaluées par rapport au $. Le commerce extérieur des USA et de la Chine souffrirait de dévaluations compétitives à la mode de 1935. Dans un désordre aux conséquences incalculables. C’est sans doute le sens de l’ appel médiatisé de M. Obama aux dirigeants européens cette fin de semaine.
Le retour des USA à l’équilibre budgétaire viendra aussi, mais l’élection n’y est pas encore faite. Leurs déficits ne valent pas mieux que les nôtres. Leur système bancaire non plus : l’introduction de Facebook a montré les limites de sa déontologie. Seule l’aversion au risque des grands investisseurs internationaux devant la crise mondiale leur permet encore de placer des dollars sans limite pour se refinancer (il n’y a pas assez de francs suisses ni de bunds allemands); la Chine, entre autres, a signifié sa volonté que ça cesse. Encore 5 mois à attendre. Avec sans doute un drame médiatique autour du Tea party lors du vote du budget.
Ces considérations politiques pour justifier la stratégie d’attente que nous recommandons depuis plusieurs mois sur les marchés. Les QE et autres gimmicks financiers font de moins en moins d’effet et épuisent les ressources disponibles des banques centrales. Le retour à l’orthodoxie budgétaire est en marche en Europe; il n’avait que trop attendu à cause des criailleries des privilégiés. Pour achever de les faire taire, une forte baisse, soudaine, des indices semble encore nécessaire. Ce sera l’ occasion d’investir dans la panique. Comme toujours. Ce « bottom » n’est pas encore atteint. Il sera marqué par un gros volume qu’on n’a pas encore vu pendant les mauvaises séances de Mai. Mais les occasions d’investir sont déjà présentes. Dans les grosses entreprises internationales aux bilans sains. Rendements et PER sont déjà historiquement attractifs. Beaucoup plus que les obligations aux rendements désormais inférieurs à l’inflation; pire encore, avant impôts.
Après la pluie, le printemps….