Vidéosculptures (Hilary Lloyd)

Publié le 11 juin 2012 par Marc Lenot

Hilary Lloyd, Jewellery, 2012

Ce ne sont point tant des écrans que des sculptures visuelles dont l’agencement soigné parsème les deux étages du Musée d’art contemporain de Bâle consacrés à Hilary Lloyd (jusqu’au 16 septembre). Les moniteurs, intégrés dans des structures tubulaires verticales, sont disposés de manière à se faire écho, à faire progresser le visiteur d’un point de vue à l’autre. Il est autant question ici d’ouvertures, de fenêtres, de hauteur, de lumière du jour que des images visibles à l’écran.

Hilary Lloyd, Moon, 2011

Certaines vidéos sont minérales, immeubles géométriques, ponts et chaussées, esthétique industrielle froide, réduite à sa pure forme. Parfois ces éléments semblent animés d’une vie propre, bondissant en rythme sur un fond de Sol Lewitt (Building).

Moon est aussi une pièce  ‘choréographique’ de rythme, de scansion sur deux moniteurs où, en deux fois 21 images, la lune vibre. Jewellery est une colonne de bijoux sur un buste noir, avec trois écrans superposés.

Hilary Lloyd, Pavement, 2010

Mais c’est quand le corps intervient que les pièces de Lloyd deviennent vraiment animées. D’abord son corps même dont jambes et pieds apparaissent comme par inadvertance dans Pavement.

Hilary Lloyd, Thighs, 2011

Plus sensuellement dans Thighs où les jeux de lumière sur une paire de bas, apparition solaire derrière des jambes qui resteront mystérieuses, font écho aux rayons du soleil bâlois pénètrant dans la salle.

Hilary Lloyd, Man, 2010

Hilary Lloyd, Man, 2010

Man présente avec six projecteurs un corps d’homme, des fragments en mouvement perpétuel, insaisissable : ce n’est qu’une publicité de magazine, un mannequin de sous-vêtements sur papier glacé, guère d’émoi, seulement de la consommation. Vision féministe peut-être ; j’ai aimé et guetté l’apparition furtive de cette bouche au milieu des slips moulants. Le dispositif technique des projecteurs, bien visible et lui-même sculptural, rend l’image plus distante, plus incorporelle pourtant.

L’architecture du musée renforce l’installation, bien au-delà du travail de la vidéaste / sculpteur d’espace.

Photos de l'auteur, excepté Man (dispositif) de Marcus J. Leith, courtoisie du Musée.