Make Up Her Mind
Machette Records
Canada
Note : 7/10
par Rachel Del Fante
C’est une formation montréalaise encore à la recherche de son identité que l’on découvre sur Make up her Mind. Si on se laisse porter dans un univers lugubre, fébrile et enivrant, un post-punk aux allures de rock connues et certaines mélodies sans éclat caractériseront trop l’album pour effacer un léger sentiment de déjà vu.
Wish me the Best, premier morceau du disque, donne une énergie folle. Des guitares lourdes à la manière de Galaxie viennent supporter une mélodie, à la fois agitée et sombre. Short Inventor and Waves of Days, qui suivent, sont un mélange de rock gras confus et de clavier.
Closer et The Drug I Use, claires et appuyées d’effets éloignés, font acte de berceuse sur un album aux crescendos musicaux constant. Heaven est ma préférée du genre, balançant parfaitement les différentes avenues qu’emprunte le groupe tout au long de l’album.
La chanteuse du groupe ose glisser quelques mots français sur Love Ends. On peut l’entendre chanter «Je suis tout près de tout perdre», englobée par un chœur et un orgue qui forme dans un écho une ambiance sombre.
Black Tape et Lonely One on One évoquent le rock indie de certains groupes torontois encore jeunes et fringuant sur une touche rétro indéfinissable.
Jusque-là, Rome Romeo semble rendre un son homogène, aux influences marquées. La voix de Geneviève Tremblay est sublime, constituant un mélange entre celle de Florence + the Machine et de Emily Haines du groupe Metric. Les guitares plutôt rondes et lourdes, souvent accentuées par des effets discordants, ont des airs de Californication oublié.
Certes, Make Up Her Mind, par moment tendre et par moment agité, est accessible et bien balancé, mais pas assez croustillant. Les guitares sont sans aucun doute efficaces, alors qu’il est difficile d’en dire autant des mélodies de voix qui sont trop souvent minimalistes. Les premières écoutes laissent sceptique. Cependant, après s’y être attardé et l’avoir laissé reposé un moment sur sa table de chevet, on y revient. On réalise alors que Rome Romeo cache un talent à part, encore brut et vivement prometteur.