Test Klipsch Mode M40 : faute de goût ?

Publié le 11 juin 2012 par Tupperwav @TupperWav

Bose, Denon, Klipsh.

Trois constructeurs connus et reconnus, piliers dans le monde de la hi-fi et du home cinéma, incontournables.
Tous ont déjà amorcé le virage du casque nomade, et ces dernières années c’est avec plus ou moins de brio qu’ils se sont focalisés sur le casque à réduction de bruit.

Denon avait déjà une bonne expérience du casque hi-fi avec sa série des D-X000. Mais, leurs casques à réduction de bruit n’ont pas su trouver leur public.
La faute à une direction marketing un peu frileuse ? Qui sait… Reste que Denon a sorti deux casques à réduction de bruit et que j’en possède un.Bose trust quant à lui le marché avec deux références, le QC3 et le QC15. Plébiscité par ses utilisateurs et propulsé par une publicité et un placement produit efficace, le QC15 est même devenu LA référence des casques à réduction de bruit.
Petit nouveau ici, Klipsh propose une nouvelle référence dans sa gamme, son premier casque, et à réduction de bruit de surcroît ; ce après avoir satisfait pléthores d’utilisateurs avec leur gamme touffue d’intras en nomade et surtout, les cinémas du monde entier avec leurs systèmes THX dantesques.

Présentation

Klipsh Mode M40, tel est le nom du casque qui devra se faire une place au soleil entre ses rivaux de chez Denon, Bose et même Audio-Technica.
Mais, dans son nom, quelque chose m’intrigue déjà : « Mode » ?

Je sais pourtant bien que désormais le casque est un accessoire de mode, un prolongement vestimentaire, cependant pour un constructeur institutionnel comme Klipsh, choisir de se positionner par rapport au style semble étonnant.

Cette petite digression passée, nous pouvons commencer le test.

Bundle

Le packaging est très classieux et la boîte est en carton satiné. Elle est scellée avec deux bandes de tissu ; clairement Klipsh ne se moque pas de nous, et tout est fait pour valoriser le produit, un véritable objet de luxe qui saura s’intercaler entre le smartphone de verre et notre costume de créateur.
Le casque est livré dans une superbe pochette de transport en simili (?) cuir, matelassée avec double zip. La grande classe !
Mieux encore, Klipsh fournit un sac en nylon pour protéger le casque de la poussière, en plus des chocs.
A l’époque de la radinerie maladive sous pretexte fallacieux d’écologie naïve, cette profusion fait plaisir à voir.
Le constructeur pousse le vice jusqu’aux câbles, en fournissant 2 versions :

  •   câble avec prise iPhone,
  •   câble simple.


Les deux sont gainés de tissu, dans une couleur rouge-marron assez subtile.
Le casque en lui-même est un modèle du genre. Lourd, voir même très lourd, il impose et rassure. L’armature principale est en métal recouvert par un habillage en plastique rouge légèrement transparent.
Texture peau de pêche, il est très agréable à prendre en main. Les oreillettes sont repliables et un « clic » bien audible permet de vérifier si elles sont correctement dépliées.
Les coussinets pivotent mais pas les oreillettes, un choix intéressant qui se révèle confortable à l’usage.
Le casque est vraiment lourd, mais ce n’est pas gênant pour mon usage nomade ; pour autant, il vaut mieux l’essayer avant.

Le switch pour activer la réduction de bruit est assez difficile à enclencher, mais au moins il ne s’activera pas de manière inopinée.
Le casque fonctionne dans les deux modes, passif et actif, toujours pratique en environnement silencieux où la réduction de bruit devient inutile.;6,35 mm et avion sont fournis, royal.

Confort et ergonomie

Une fois sur la tête, on s’aperçoit tout de suite que le casque est trop lourd. C’est à la fois une bonne et une mauvais chose. Le clamping ferme permettra de l’utiliser en mouvement sans trop craindre de le perdre, mais ce poids élevé induit une inertie élevée, et un mouvement de tête trop sec peut vite conduire le casque vers une sortie de route.

Les oreillettes mobile montées sur base fixe sont une excellente idée, le casque conserve ainsi toute son harmonie et reste confortable quelque soit la forme du crâne.
Le câble est gainé de tissu et juste de la bonne longueur : il est suffisamment long pour caler le baladeur dans la poche, et suffisamment court pour ne pas handicaper les mouvements.
Le fait de pouvoir changer de câble entre un modèle iPhone et un modèle standard est appréciable, c’est par exemple bien mieux que Focal, qui à ses débuts ne fournissait qu’un maigre adaptateur. Léger, il ne fait pas pencher le casque, ce qui est toujours ça de pris.
Le clamping n’est pas excessif, et les oreillettes larges de type circum font que le casque se révèle réellement confortable au final. Après 3-4h, on commence malgré tout à sentir le poids du casque et il ne faudra pas chercher bien loin en cas de douleurs cervicales. Le cuir ne chauffe pas trop, et malgré sa conception fermée, c’est tout à fait supportable, un bon casque hifi.

À l’usage

La housse de transport est très sympathique malgré sa ressemblance certaine avec une trousse de toilette. Un peu grosse par contre, elle ne rentrera pas dans votre serviette, ni même dans votre sacoche d’ordinateur. Sac 24h ou 48h nécessaire, voir même valise pour les plus voyageurs.
Courir avec est possible, pas du tout recommandé, mais possible. En usage semi sédentaire c’est un excellent choix par contre.

La réduction de… bruit ?

Grosse surprise concernant la réduction de bruit, elle se révèle… inexistante. Certes, le casque isole déjà très correctement en usage normal, mais la réduction de bruit est si inefficace que j’ai d’abord cru à un modèle défectueux.
Vérification, questionnement, tests.
La réduction de bruit est si ténue qu’elle semble ne pas fonctionner. Tout juste existe t’il un léger bond en avant des graves, mais il est insignifiant. Bref, rien de plus à dire de ce côté là, la réduction de bruit n’existe pas et Bose ou Audio Technica peuvent encore se reposer et siroter tranquillement un coca.

Le son

Pour continuer sur la déception, parlons des prestations sonores de ce casque. Pourquoi ? Comment ? Des questions simples, mais qui n’expriment quasiment rien de mon désarroi face à la médiocrité du rendu. Je peux paraître dur, mais je dois dire que ce casque est clairement l’un des plus mauvais que j’ai pu essayer, ce qui est encore plus incompréhensible lorsqu’on connaît la qualité des ensembles Klipsh ou de leurs intras.
C’est mou, renfermé, vaseux, caverneux avec un médium si pauvre qu’on le croirait sortir d’un PMA. Là encore, je me suis dit que c’était sans doute un bug du à la réduction de bruit inactive, loin s’en faut, et même avec l’interrupteur sur ON, on reste dans le domaine du mauvais.
Pour 300€ on se demande à quel moment les ingénieurs du son se sont arrêtés de développer le produit. Est-ce qu’un designer fou leur a volé le casque au labo et ne leur a donc pas permis de travailler le son ? Ou peut-être est-ce là une gigantesque manœuvre pour se rapprocher du son Beats Audio mais avec moins d’aigu ET moins de médium. Je digresse encore, mais je suis à la fois déçu, incrédule et presque en colère : un produit qui avait le bénéfice d’un réel soin en terme de conception, qui finalement viole la première règle d’un casque – faire du bon son – c’est quand même affligeant.
Essayons tout de même de retranscrire tout ça avec des tests sur plusieurs pistes.

Au fil de la musique

Matériel utilisé

  • iPhone 4S
  • Fiio E17
  • Creative X-Fi Titanium
  • Bravo Audio Océan


Justice – Cross – Minutes to midnight

Un groupe que j’affectionne particulièrement pour sa musique très enlevée, intense et à la polyphonie électronique oscillant entre Daft Punk et Rammstein.

Commentaires

Dès l’introduction, le plus gros défaut du casque est mis en exergue : un voile abominable sur l’intégralité du spectre. Les médiums sonnent étouffés, les graves penauds et les aigus beaucoup trop discrets. C’est la dynamique qui en pâtit le plus, et pourtant sur de l’électro c’est sans doute le facteur déterminant. Vers 1:40min, le break est terriblement mou et pourtant le phrasé est assez rapide. On sent que derrière il y avait de jolies idées, mais qu’une erreur, un bug ou pire, a posé un voile opaque sur toutes ces bonnes intentions. Au final, le vrai problème est le manque de vie de l’ensemble, le voile et le manque de dynamique condamne à une écoute vide de sens.

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King of Convenience - Declaration of Dependence – 24-25

Découverte récente pour moi (merci Olivier), King of Convenience, c’est un peu la rencontre entre Cocoon et Simon & Garfunkel. Une pop très cosy, un peu folk, triste, mais jamais ennuyeuse. A écouter au bord de sa piscine en douce soirée d’été.

Commentaires

A l’inverse de Justice, on arrive à peu près à tirer quelque chose du casque. La simplicité de la piste permet au Klipsh de ne pas perdre pied et d’accorder une prestation, ma foi, honorable. On atteint péniblement le moyen, mais on est loin de l’ignominie qu’était la piste précédente. Les médiums sont toujours aussi voilés, et la scène sonore reste trop diffuse pour qu’on puisse prendre un réel plaisir.
Ce qui est rageant, c’est que le son n’est pas mauvais, mais limité. Comme si vous possédiez une voiture de course constamment limité à 50km/h sur circuit.

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Abysse – En(d)grave – Sharp and Chrome

Un groupe de métal Französich qui sort enfin son premier album, instrumental de surcroit. Et c’est une réussite, avec un voyage onirique, brutal sans non plus tabasser, une excellente maîtrise du genre.

Commentaires

Ouille ouille ouille. La scène sonore indéfinie est extrêmement pénalisante sur du métal. Il est difficile de placer correctement les instruments, comme si le groupe avait recouvert de feutrine chaque micro. De plus, sur un album 100% instru, ou le mixage et la production s’est focalisé sur la cohérence de l’ensemble, les limitations se font vite sentir. Le haut-médium réalise malgré tout un semblant d’effort, et il est de justice de le rendre au Mode.
Sur le reste, dur de lui pardonner, surtout vers 2:24 ou un solo de guitare se déclenche, mais la réponse en fréquence hasardeuse coupe court à cet élan…

Bref, ce Klipsh a pour moi, d’énormes lacunes, je ne peux m’ôter l’idée d’un modèle défectueux, il me semble encore improbable qu’un constructeur renommé tel que Klipsh, ai pu laisser sortir de leur labo un tel appareil.

Conclusion

Que retenir au final de ce premier casque Klipsh ?

Commençons par les bons points : ce casque présente une finition exemplaire et un bundle conséquent. De plus c’est un casque nomade réellement confortable malgré son poids conséquent.
L’isolation passive est bonne, mais l’isolation active n’apporte absolument rien, dommage.
Pour finir sur les bonnes choses, les accessoires fournis sont tous de qualité.

Passons au sujet qui fâche : ses prestations sonores sont mauvaises.
La dynamique anémique et le voile sombre font que le Klipsh sonne mal, pas de façon agressive, simplement mal. On ne choisira donc pas ce casque pour le son mais plus pour le style.
Sur ce point Klipsh a bien choisi le nom du casque. Les seuls domaines ou ce casque surnage, sera sur des styles assez doux tels que la pop,  mais dés que le message se complexifie, plouf, il se noie.

Déception donc.

Pour un premier jet, Klipsh rate le coche et réalise l’inverse de Focal et son Spirit One, avec un casque à la finition exempte de tout reproche mais sans aucune saveur musicale.
Un casque pour le style donc, mais pas pour le son.

Confort : 15/20
Isolation : 15/20 (passif)
Bundle : 20/20
Son: 05/20

Je remercie en tout cas LDLC pour le prêt du casque