Naïve, 4 avril 2012, 467 pages
Résumé de l'éditeur :
Algérie, été 1954. Dernier été de paix. Louise est en vacances chez sa soeur à Bougie. Une Cassandre noire, au décours d'une transe, lui dévoile sa destinée : sa vie appartient à cette terre qu'elle ne quittera jamais. Elle y sera heureuse puis malheureuse, plus qu'aucune autre....
Louise se mariera à un indigène contre l'avis de sa famille pied-noir, et après l'indépendance, vivra à Alger. Elle connaîtra le bonheur puis le lent délitement de l'amour de Kader. Elle vieillira seule dans une Algérie appauvrie et tourmentée, abandonnée de tous. Sofiane, un gamin algérien, s'attachera à elle et l'aidera à survivre. Elle lui transmettra la langue française et les valeurs qui ont guidées sa vie.
Marc, son neveu cynique, metteur en scène parisien célèbre en quête de publicité, lui rendra visite et, tel un cygne noir, saccagera sa relation avec Sofiane.
Mon avis :
Voici un roman très beau et appaisé sur les relations haine-amour entre l'Algérie et la France.
Bien sûr, il est question de la difficile quête d'identité de l'Algérie ; mais également des liens dont ne peut se défaire la France à l'égard de son ex-colonie.
A travers deux personnages forts : Louise, pied-noir qui ne peut quitter sa terre natale et Sofiane, qui représente la jeunesse algérienne, les auteurs nous touchent au coeur et nous font découvrir ce pays au fil des années depuis la guerre d'indépendance jusqu'à nos jours. Ainsi, Sofiane, qui n'a jamais quitté l'Algérie, est persuadé que le Maroc est un pays pauvre...
Ainsi Louise, qui s'est battue pour l'indépendance de l'Algérie et qui n'est plus que la "francaoui" à moitié folle qui écoute Mozart à plein tube pendant l'appel à la prière.
C'est elle qui va guider Sofiane adolescent sur les chemins de la pensée, ne lui proposant jamais une réponse toute prête à ses questions, mais l'invitant plutôt à comparer et à tirer ses propres conclusions.
Il est également question, dans ce roman, des relations difficiles au sein de la famille ; une famille éclatée entre deux soeurs dont l'une reste en Algérie (Louise) et l'autre laisse son mari et son fils aîné mort enterrés dans cette terre.
Le personnage de Marc, cinéaste que je n'ai pas trouvé si cynique que cela - plutôt désabusé - ne m'a pas passionné.
Un roman qui se déroule sur l'autre rive de la Méditerranée dont la France a été si proche, mais dont nous ne recevons plus de nouvelles.
Les deux auteurs, "originaires des rives nord et sud de la Méditerranée", ont su méler leurs plumes et leurs voix pour donner naissance à un texte très beau et que jamais ce livre ne soit dissonant, nous faisant toucher du doigt le fait que ces deux pays sont à jamais lié, quoique l'on y fasse.
A l'image de la photographie de couverture, le personnage de Louise est une jeune femme européenne résolument tournée vers l'avenir. Et son avenir, c'est le pays de sa naissance.
L'image que je retiendrai :
Celle de la ville blanche, vue du bateau : celui du départ des pied-noirs, celui du retour de Marc.
Je remercie Babelio, l'opération ainsi que les éditions Naïve pour l'envoi de ce très beau roman.