A regarder de près le plateau F1 on y voit des pilotes dont la présence sur la grille relève de l’oxymore sportif. Le nombre de pilotes « exotiques » s’est multiplié ces dernières années. En cela ils sont le reflet de l’internationalisation de la F1 depuis les années 2000. Rien dans leur parcours ne justifie leur présence dans le pinacle du sport auto qu’est censé représenter la F1.
L’argent a toujours été le nerf de la guerre en sport auto. Mais l’explosion des budgets combinée à l’émergence de nouveaux marchés ont favorisé l’éclosion de ces pilotes payants. Les équipes ne pouvant réunir indépendamment les budgets pour courir se tournent donc vers ces pilotes. Dans leurs valises ils trimbalent quelques millions salvateurs et stickers pour la voiture. Le talent, lui, reste à la portière. Le palmarès de ces pilotes souligne ce non-sens sportif. Ils ont tous pour point commun un parcours dans les différentes formules honnête mais sans plus. Aucun n’a gagné de championnat dès sa première saison. A vrai dire, nombre de ces pilotes n’a jamais gagné le moindre championnat. Qui peut me donner le palmarès de Senna, Pic et du magnifique Karthikeyan ? Certains autres également subventionnés par des sponsors, même en ayant remporté par exemple la GP2 ne sont pas pour autant des génies. Les Maldonado, Pérez, et Kobayashi présentent également des palmarès pour le moins rachitiques, généralement un titre GP2. Au final ça donne des Massa, pilotes rapides s’ils sont au volant de la meilleure machine, mais incapable de tirer une équipe ou un engin vers le haut.
La GP2 antichambre de la F1 est victime des mêmes symptômes. Nombre de pilotes qui arrivent en GP2 y sont grâce à leurs budgets plus qu’à leur talent. Ceci a pour conséquence de baisser le niveau global et donc la valeur d’un titre. En fait l’écrémage se fait de plus en plus tôt. Je pense que cette sélection censitaire se fait dès la F3 euro series ou à la WSR 3.5. Si le pilote est un véritable génie (hyper rare), protégé et intégré dans une filière type Red Bull ou d’un constructeur, il continu. Si c’est un pilote « exotique », entendez par là venant d’un pays représentant un marché à fort potentiel et soutenu par de puissants sponsors nationaux, lui aussi continu. Pour ce qui est du pilote, talentueux sans être un Vettel ou Alonso, et non épaulé par ses sponsors, il se réoriente vers un championnat où il peut trouver un baquet pro mais semé d’incertitudes, alternant les piges à droite, à gauche.
Un tiers des pilotes payent leur baquet. (http://www.liberation.fr/sports/01012396557-quand-la-f1-roule-a-l-economie) Certains l’assument mieux que d’autres. Petrov vexé de l’outrecuidance journalistique lorsque la question de sa mallette lui est posée rétorque fielleusement qu’il n’est pas plus payant qu’un Alonso dont le salaire est payé par Santander ! Petrov qui se compare à Alonso, on aura tout vu au royaume de la prétention ! Williams, équipe mythique s’il en est, doit elle aussi recourir aux pilotes dont le talent se mesure à l’épaisseur de leur valise. Le baquet de Maldonado coûte ainsi 35 millions d’euros au pétrolier national vénézuélien. La somme de Senna est moindre (son « talent » également) mais son nom compense en assurant de la médiatisation autour de l’écurie de Grove. Il en va de même pour Grosjean et Pic. Romain doit sa présence en F1 en grande partie grâce au soutien de Total, et à l’effort dans l’hexagone pour promouvoir un français. Nul doute que pour payer ses impôts il se souviendra qu’il est né en Suisse… (http://tempsreel.nouvelobs.com/sport/20120229.OBS2532/les-sportifs-qui-peuvent-avoir-peur-de-la-taxe-de-francois-hollande.html). Pic, vierge de palmarès bénéficie de l’aide de sponsors privés et de Lagardère Unlimited (qui affiche au passage 600M d’€ de pertes en 2011…). Il en est de même pour Perez chez Sauber, qui peut remercier Telmex. La palme revient tout de même à Karthikeyan. Plus qu’être un non-sens sportif, sa présence en F1 est farfelue ! De même que celle d’HRT. Au passage je salue Force India, exsangue financièrement mais qui aligne néanmoins 2 vrais talents, 2 vrais coureurs auto, au parcours digne de la F1, Di Resta et Hulkenberg (lourdé de chez Williams faute de valise assez lourde.)
Au final on se retrouve avec un plateau pour le moins hétéroclite. Les meilleurs sont bien là, et le seront toujours. Mais ils côtoient des pilotes au talent plus que douteux, dont la présence relève de l’oxymore sportif. Pas vraiment un modèle de méritocratie…
Paul Huertas.
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Article original: FORMULE 1, PLATEAU PAYANT, PLATEAU DE LOOSERS. Site web: http://actu-moteurs.com/