Une fois par mois, Expat Forever vous propose de rencontrer une femme expatriée, un expat auto entrepreneur ou parfois les deux en même temps afin de mieux comprendre et d’appréhender la vie quotidienne en expatriation.
Ce mois-ci, j’ai rencontré Isabelle Belles qui vit aux Etats-Unis depuis quatre ans. Elle vient de créer sa microentreprise GUAPA. Isabelle, c’est une femme expatriée comme je les aime : dynamique, entreprenante et auto entrepreneure !
Expat Forever: Bonjour Isabelle. D’où es-tu originaire ?
Isabelle Belles : Ma mère est française et mon père espagnol. J’ai grandi en faisant des « expatriations » entre la France et l’Espagne (Paris, Madrid, Nantes, Barcelone, Lyon, Valencia et Pampelune).
EF : Où vis-tu actuellement et depuis combien de temps ?
IB : Je vis avec mon mari et mon enfant à Chicago depuis janvier 2008.
EF : Est-ce ta première expatriation ?
Oui, c’est ma première expatriation avec mon mari et mon fils.
EF : Peux-tu retracer ton parcours d’expatriée et ton ressenti personnel pour chacun des endroits où tu as vécu jusqu’à maintenant ?
IB : Même si j’ai déménagé plus de 12 fois avant d’avoir 18 ans, je n’ai jamais senti une vraie différence à chaque expatriation. J’ai apprécié chacune des villes ou j’ai vécu sans m’apercevoir si j’étais en Espagne ou en France jusqu’au moment où je suis venue vivre aux Etats-Unis.
EF: Quelles difficultés as-tu rencontré au début de ton installation aux Etats-Unis ?
IB : Ma vie a complètement changé depuis mon arrivée à Chicago. Non seulement j’ai été confrontée à un autre pays et à une autre langue mais aussi à un mode de vie totalement différent à cause de l’expatriation. J’ai arrêté ma carrière dans le conseil et je suis devenue femme d’expatrié avec tous les avantages et les inconvénients que cela implique.
EF : Est-ce que tu peux donner des exemples ?
IB : Je me suis consacrée à temps plein à l’éducation de mon fils, non seulement avant et après l’école mais aussi « pendant » le temps d’école par le biais du volontariat (aide à la cantine, room mother, sorties scolaires, spectacle des enfants). Il est impossible de s’engager de la sorte si tu n’es pas très disponible. Si tu ne fais pas attention, tu risques de perdre le contrôle de ton agenda. Le danger est donc de se laisser déborder par ce type d’activités sans que tu aies eu le temps de penser à ton projet à toi.
EF : En janvier 2012, tu as créé l’entreprise GUAPA. De quoi s’agit-il exactement ?
IB : Je vends des bijoux fantaisie de créateurs espagnols que tu ne peux pas trouver aux Etats Unis. J’ai commencé par la vente de compléments pour femme mais je suis en train de développer mes services au stylisme, au shopping en ligne et à la représentation de marques espagnoles qui veulent s’implanter aux Etats Unis.
EF : Pourquoi as-tu décidé de développer un tel projet ?
IB : Je n’ai pas travaillé pendant trois ans mais j’en ai profité pour faire beaucoup de formations, du volontariat et un peu de conseil en free-lance. Au bout d’un moment, j’ai ressenti le besoin de relancer ma vie professionnelle. Me consacrer à un projet qui me passionne fut la réponse à ce besoin.
EF : Sur le moyen – long terme, comment souhaites-tu faire évoluer ce projet ?
IB : Entre le glamour français et le charme espagnol, je pense avoir un bon mélange pour enrichir l’offre dans le domaine du stylisme féminin. Je voudrais que mon caractère différentiel se traduise dans tout ce que je fais ou vends. Je crois fortement que les femmes cherchent de plus en plus à avoir un look unique, qui soit à la fois joli et surtout accessible en terme de prix mais aussi de temps, c’est-à-dire ne pas passer des heures sur internet ou dans les magasins.
EF : D’un point de vue personnel mais aussi professionnel, quels avantages trouves-tu dans la réalisation d’un tel projet ?
IB : Cela me permet de gérer mon temps de travail comme je l’entends mais c’est à double tranchant.
EF : C’est-à-dire ?
IB : Il faut être très discipliné et très flexible en même temps. Cela paraît paradoxal mais c’est totalement vrai. Comme il n’y a que toi qui te fixe tes objectifs, tu construis ton projet à ton rythme, tu l’adaptes à ta vie personnelle (flexibilité) mais il faut aussi que tu adapte ta vie personnelle à ton projet (discipline). Si par exemple tu travailles à la maison, il faut que tout le monde le sache et le respecte, ta famille, tes amis et même les visites qui sont fréquemment chez toi. Les vacances et les weekends n’ont plus le même sens pour toi. Difficile mais pas impossible, il suffit de s’habituer !!!
EF : Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans ta vie d’expatrié et pourquoi ?
IB : La possibilité de rencontrer des personnes nouvelles et de découvrir des endroits différents à chaque fois. Cela me permet d’apprendre et de découvrir tous les jours.
EF : Qu’est-ce que tu détestes le plus dans ce mode de vie et pourquoi ?
IB : Détester ? Je ne déteste rien. Je n’aime pas la période à partir du mois d’avril quand tu commences à entendre les noms des personnes qui vont rentrer ou qui partent ailleurs.
EF: Que conseillerais-tu à d’autres femmes qui s’apprêtent à suivre leur conjoint à l’étranger pour la première fois ?
IB : Je leur conseille de bien valider leur projet sur le long terme. Tu peux « sacrifier » ta carrière en pensant a la récompense de suivre ton mari, au fait que tu vas découvrir un nouveau pays et une nouvelle culture mais cela ne dure qu’un temps et peut être insuffisant sur le long terme.
Merci Isabelle et longue vie à GUAPA !(GUAPA sur Facebook)
Crédits photos : Isabelle Belles