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Côte d'Ivoire: une embuscade tue 8 civils et 7 Casques bleus, le Liberia ferme sa frontière

Publié le 11 juin 2012 par Africahit

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Des troupes de l'ONU transportent, le 9 juin 2012 à Abidjan, en Côte d'Ivoire, les corps des Casques bleus tués dans une attaque dans le sud-ouest du pays

Au moins huit civils ont été tués selon l'ONU au cours d'une attaque menée vendredi dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire, qui a fait sept morts parmi les Casques bleus nigériens et au moins un mort dans l'armée ivoirienne, ce qui a conduit le Liberia à fermer sa frontière.

"Selon nos informations, au moins huit civils ont été tués, dont une femme", a déclaré à l'AFP Anouk Desgroseilliers, responsable de la communication du Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha) en Côte d'Ivoire.

Sept Casques bleus nigériens de l'Opération des Nations unies dans le pays (Onuci) ont été tués, "première attaque de ce genre" perpétrée contre l'Onuci depuis son déploiement en 2004, selon la force onusienne.

Cette "embuscade" contre l'Onuci a eu lieu pendant un assaut d'éléments "venus du Liberia" contre plusieurs villages ivoiriens situés au sud de la ville de Taï, selon le ministre ivoirien délégué à la Défense, Paul Koffi, qui a confirmé la mort d'un élément des Forces républicaines (FRCI, armée ivoirienne). Une source au sein des FRCI sur place a affirmé à l'AFP qu'il y avait eu "deux morts" parmi leurs hommes, qui patrouillaient avec les Casques bleus.

- Le Liberia ferme sa frontière -

A la suite de ces évènements, le gouvernement libérien a annoncé samedi la "fermeture immédiate" de sa frontière avec la Côte d'Ivoire.

"Le gouvernement a décidé de la fermeture immédiate de sa frontière avec la Côte d'Ivoire", a déclaré le ministre libérien de l'Information, Lewis Brown, au cours d'une conférence de presse.

Les "activités humanitaires" ne sont pas concernées par la mesure de fermeture de la frontière, a précisé le ministre libérien.

"Les individus impliqués dans des attaques transfrontalières seront arrêtés et remis autorités ivoiriennes", a affirmé M. Brown.

Il a ajouté que la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, actuellement en visite privée aux Etats-Unis, avait donné des instructions pour que des militaires libériens soient immédiatement déployés à la frontière et soutenus par la police et les services de l’immigration.

Dans cette région en proie depuis un an à des attaques attribuées à des forces fidèles à l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et réfugiées au Liberia, les violences de vendredi ont provoqué d'importants déplacements de populations.

"Des centaines de personnes sont arrivées à Taï, et on peut penser que des milliers d'autres sont sur la route", a indiqué Mme Desgroseilliers.

A Taï, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), notamment, est "sur place pour porter assistance aux déplacés et leur fournir de l'eau et un peu de nourriture", selon cette responsable de l'Ocha.

"C'est vraiment la panique, le sauve-qui-peut, les gens prennent de petits baluchons et fuient (leurs villages) à pied" notamment vers Taï, a raconté à l'AFP le maire de cette ville, Désiré Gnonkonté, joint par téléphone depuis Abidjan.

- "Pourquoi c'est chez nous qu'on vient faire des morts?" -

"On a peur", a confié Madeleine Tagnon, représentante des femmes de Taï. "Pourquoi à chaque fois c'est chez nous qu'on vient faire des morts? Pourquoi tranquillement les miliciens traversent chaque fois la frontière pour venir nous tuer?"

Des éléments de l'Onuci et de l'armée ivoirienne patrouillaient samedi dans la zone.

"J'ai marché en brousse avec mon enfant au dos, je ne sais pas où se trouve le reste de la famille", a raconté Ange Joëlle, une jeune femme arrivée dans le village de Glaro Ubor, dans l'est du Liberia, comme d'autres familles.

Les autorités ivoiriennes ont annoncé avoir déjà envoyé des renforts, en vue d'une "présence massive" dans les prochains jours autour de Taï. Des opérations militaires ivoiro-libériennes doivent en outre avoir lieu à partir du 15 juin dans la zone frontalière, avec le soutien des missions de l'ONU dans ces deux pays.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit "attristé et scandalisé" par la mort de Casques bleus, et le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé sa "grave inquiétude" à propos de l'insécurité dans cette région. Le Niger s'est dit "indigné" et a assuré que cet "acte inacceptable" ne resterait pas "impuni".

Région la plus instable de Côte d'Ivoire, l'Ouest est en proie à des attaques depuis la fin de la crise politico-militaire de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3.000 dans le pays.

Avant l'attaque de vendredi, ces raids avaient fait "au moins 40" tués depuis juillet 2011, selon un rapport de l'ONG Human Rights Watch publié mercredi, qui accuse des forces pro-Gbagbo opérant depuis le Liberia et recrutant des "enfants".

© 2012 AFP

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