Si l’accord passé mardi entre les principales formations politiques flamandes et wallones permet à la Belgique de se doter enfin d’un gouvernement, neuf mois après les élections législatives, il laisse en suspens les questions qui fâchent.
Celles de la réforme de l’État fédéral - la classe politique flamande demande un renforcement des prérogatives des régions - ou de l’avenir de la minorité francophone de Flandre, font partie des problèmes dont la résolution est repoussée au mois de juillet.
Le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme, qui prêtera serment jeudi en compagnie du nouveau gouvernement (dont la composition était au centre des tractations entre partis ces deux derniers jours), réussit donc à former un cabinet après deux tentatives avortées, en août et décembre 2007. Les partis de la coalition, qui réunit trois formations francophones et deux flamandes, alliant des libéraux, des chrétiens-démocrates et des socialistes, n’avaient jusqu’ici pas réussi à se mettre d’accord, notamment sur le sort de l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV), peuplé à majorité de francophones mais enclavé dans la Région flamande, néerlandophone.
Jusqu’à présent, les francophones du « BHV » bénéficient de facilités de la part de l’administration : éducation, justice, formalités administratives en français. Mais les députés flamands, craignant que les francophones, plus dynamiques démographiquement, ne fassent « tâche d’huile » en Flandre, veulent revenir sur ce compromis. Une des principales raisons de la crise institutionnelle.
Pour gagner le soutien des partis francophones, nécessaire à la constitution du gouvernement, les partis flamands ont donc dû accepter de temporiser et de geler cette réforme, même si elle fait partie du programme proposé par Yves Leterme aux élections législatives de juin 2007.
De nouvelles tensions devraient donc apparaître entre partis flamands et francophones en juillet prochain, comme à l'occasion, plus récemment, de l’obligation décidée par le gouvernement de la Région flamande de parler le néerlandais ou de l’apprendre pour bénéficier du logement social.
Roman Bernard