Des grappes de ballons noirs et roses assez clinquantes signalaient les cafés participant à l'opération deux heures durant, et pas au-delà. On sentait d'ailleurs dans certains troquets que cet afflux de population dérangeait et cela fait une drôle d'impression d'être persona non grata alors qu'on est invité(e) dans le même temps.
Les heureux dégustateurs ont malgré tout arpenté avec enthousiasme le quartier de Saint-Germain-des-Prés, à pied ou, pour les plus chanceux en vélo-taxi, pour aller à la rencontre d'un vin, un producteur, un artiste, et ce à 10 reprises.
Après avoir foulé le tapis rose, gouté le breuvage, et répondu à une question particulière chaque participant collait un sticker sur un carnet de bord qui, une fois rempli lui donnait la possibilité de recevoir l'Art'Book by cabernet-d'anjou. Je n'ai pas bien compris pourquoi la règle a vite été modifiée et que les passeports remplis s'échangeaient alors contre une bouteille de rosé gracieusement offerte à la dixième étape.
L'inconvénient, entre autres, fut d'inciter les "découvreurs" à circuler au pas de course et à zapper les discussions avec les producteurs et les artistes de l'association Barde la Lézarde, pressés qu'ils étaient d'arriver au terme.
Par contre tous les producteurs ont été médaillés au dernier Salon de l'agriculture et vous remarquerez que la bouteille du rosé d'Anjou est particulière, élancée et siglée.
L'ambiance était festive comme il se doit pour un anniversaire de mariage entre l'art contemporain et le premier rosé demi-sec de France dans un quartier mythique. J'ai laissé tomber mes a priori sur ce breuvage dont je n'avais pas le souvenir qu'il pouvait être à la fois si doux et acidulé, si parfumé et fruité, quelquefois velouté, ou exhalant des arômes de bonbons et de barbapapa, à moins qu'il ne soit très subtilement boisé, mais toujours avec davantage de rondeur que de "sucrosité" et l'impression de croquer directement dans le raisin. J'avais jusque là tendance à mettre tous les rosés ... dans la même bouteille, sans distinction de saveur particulière. Je l'imagine désormais aisément au-delà du début de repas, capable d'accompagner un foie gras aussi bien qu'un Gewurtztraminer. Et bien entendu tous les plats exotiques et les salades de fruits.
Je me permettrais aussi deux recommandations pour ceux qui participeront à la prochaine édition de cet apéro artistique. Qu'ils se chaussent de rollers pour rallier sans peine les cafés excentrés, et qu'ils glissent sous leur bras une baguette de pain (parce que très franchement c'est mission impossible et cruelle de déguster en restant à jeun). Le béret ou mieux le canotier pourrait être fourni par l'organisation et servir de base aux interventions des artistes. Car rien n'est mieux qu'un objet qu'on emportera pour le reporter tout l'été. Le souvenir renforce la présence à l'esprit.