3/5
Cette année, ce sont les contes de fées qui ont les faveurs des producteurs. Deux films traitants de Blanche-Neige à quelques semaines d'intervalle, il fallait le faire !
Blanche-Neige et le chasseur est donc le deuxième à sortir, après une version pour le moins colorée et fantaisiste par Tarsem Singh.
Ici, la version réalisée par Rupert Sanders se veut sombre, épique et plus réaliste – enfin, c'est ce que la bande annonce et la majeure partie du long-métrage veulent nous faire croire.
Le film mange à tous les râteliers. On pense évidemment d'emblée au Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Des séquences de batailles s'inspirant très fortement de la trilogie, des travellings circulaires en hélicoptère sur des nains marchant à la file indienne au sommet d’une crête et bravant le vent et la pluie battante, ces mêmes personnages chantant au coin du feu comme les Hobbits. Mais on se surprend par moments à penser à Legend (la voix grave du miroir, les quelques premières notes de musique lorsque Blanche-Neige regarde par la fenêtre de sa tour), à Gladiator (je me demande si la première séquence de baston n'a pas été tournée exactement au même endroit que celle du Ridley Scott), mais aussi à Jumanji (ouch ! que les animaux en synthèse sonnent faux), voire à Mononoke (le Dieu Cerf !)...
Du coup, on pense à peu près à tout sauf… à Blanche-Neige. Le plus gros défaut de ce film est donc clairement son manque d'identité.
Pourtant, on ne peut nier les qualités esthétiques du film. C'est très, très beau (même si, à l'instar de beaucoup de films récents, tout est grisâtre et manque de couleurs).
En gros j'ai tout de même eu un peu de difficultés à comprendre quel était le parti pris artistique du film : d'un côté ça se veut réaliste, sombre et crédible, et de l'autre on nous balance des passages ultra fantastiques jurant un peu au milieu. On passe de décors dans le style du château Camelot de Sacré Graal à des forêts luxuriantes comme si on était sur Pandora dans Avatar (si j'osais je dirais comme dans Alice au pays des Merveilles).
Quant aux bestioles, si elles ne paraissent pas très naturelles, au moins leurs designs sont inspirés. Après, était-ce franchement nécessaire d'en mettre autant ? Je veux dire, à quoi sert réellement la scène du troll ? A quoi servent ces espèces de lutins bleus tout moches – qui, si j'ai bien compris, contrôlent les animaux de la forêt ?
Le casting s'en sort bien. J'aime beaucoup Kristen Stewart, donc je la trouve plutôt convaincante, notamment dans les passages où elle se bat. Par contre, elle n'a semble-t-il toujours pas appris à fermer la bouche. Mais elle aime toujours autant traîner avec des gars dans les bois.
Charlize Theron semble bien s'amuser dans le rôle de la grande méchante qui hurle tout le temps. Malheureusement, on ne la voit quasiment que dans la salle du miroir doré, et on finit bizarrement par penser à sa pub (je l'imaginais tout le temps en train de dire "j'adooooooore"), surtout qu'elle est habillée comme si elle sortait d'un défilé de mode.
Chris Hemsworth est celui qui crée la surprise. Thor a remplacé son marteau par une hache, mais il a toujours la classe. Il est même très étonnant lors de la scène du réveil de Blanche-Neige. Le meilleur rôle du film peut être.
Quant aux Nains, tous joués par de grands acteurs, ils laissent un étrange sentiment de frustration. Le choix des comédiens est très correct, mais justement c'est un peu donner de la confiture à des cochons tant on ne les voit peu. Quand on a Nick Frost, Ray Winstone, Bob Hoskins, Ian McShane, et autres, il faut les faire jouer ! Car non seulement on est frustrés de ne pas les voir plus longtemps, mais en plus leur caractérisation est à la ramasse en raison du peu de temps de présence.
C'est le second gros défaut de ce long-métrage : les personnages manquent de profondeur, donc on ne ressent aucune sorte d'émotion à la vue des événements.
Par exemple, la scène de la pomme se devait d'être un moment fort, un tournant, une scène riche en tension. Et en fait, non. Blanche-Neige mord la pomme, tombe, et pouf ! se réveille 5 minutes après.
Je dois donner l'impression que le film est bourré de défauts, et c'est un peu vrai (d'ailleurs la gestion de l'espace et du temps est assez ratée, et le montage n'arrange pas des masses l'histoire), mais c'est un divertissement honnête et sympathique. Pour un premier film, c'est assez encourageant. Son absence de cynisme fait du bien (le défaut principal des gros films qui sortent en ce moment).
Très recommandable, il plaira surtout à un jeune public (attention cependant à la violence relative de certaines scènes), notamment aux ados.
Le film de Disney reste cependant la meilleure version.
Retrouvez en cliquant sur leurs pseudos d'autres avis des membres du Palmarès, qui n'ont pas franchement aimé :
Dom de Silence… Action !
Niko de Filmosphere
Snow-White & the Huntsman
Mise en scène
Rupert Sanders
Genre
Conte fantastique
Production
Universal & FilmEngine ; distribué en France par Universal Pictures
Date de sortie France
13 juin 2012
Scénario
Evan Daugherty, John Lee Hancock & Hossein Amini d’après l’œuvre des frères Grimm
Distribution
Kristen Stewart, Chris Hemsworth, Charlize Theron, Ian McShane & Bob Hoskins
Durée
126 min
Musique
James Newton Howard
Image
2.35 :1 ; 16/9
Son
VF DD 5.1
Synopsis : Dans des temps immémoriaux où la magie, les fées et les nains étaient monnaie courante, naquit un jour l’unique enfant d’un bon roi et de son épouse chérie : une fille aux lèvres rouge sang, à la chevelure noire comme l’ébène et à la peau blanche comme neige. Et voilà précisément où l’histoire que vous croyiez connaître prend fin et où la nouvelle adaptation épique et envoutante de ce célèbre conte des frères Grimm débute. Notre héroïne, dont la beauté vient entacher la suprématie de l’orgueilleuse Reine Ravenna et déclencher son courroux, n’a plus rien d’une damoiselle en détresse, et la cruelle marâtre en quête de jeunesse éternelle ignore que sa seule et unique rivale a été formée à l’art de la guerre par le chasseur qu’elle avait elle-même envoyé pour la capturer. Alliant leurs forces, Blanche-Neige et le chasseur vont fomenter une rébellion et lever une armée pour reconquérir le royaume de Tabor et libérer son peuple du joug de l’impitoyable Ravenna.