Si les jeunes maîtrisent Internet, ont-ils pour autant accès à la culture ? Comment combler le fossé entre pratiques scolaires traditionnelles et apprentissage par Internet ? Savoirs académiques, savoirs anonymes… Quels savoirs que faut-il privilégier l'un ou l'autre ? Thomas Gaon, psychologue clinicien et Président de l'Observatoire des mondes numériques et Vincent Berry, sociologue, doctorant en sciences de l'éducation nous aideront à réfléchir sur le lien délicat entre Internet et l'éducation.
C'est parti pour le huitième apéro du futur. Pour l'annoncer, je commence à avoir des habitudes. La première est de faire un mini compte-rendu de l'apéro précédent.
Donc pour le septième apéro, j'attendais la foule pour parler de la radio de demain avec Antoine Blin de Radio Nova. Nous n'avons pas poussé les murs de la cantine. Devant ma mine défaite, Paul, l'un des « bar'âmes » du lieu, m'a secoué les puces en me balançant quelques kilos de relativisation. Il a eu raison. L'apéro fut intense et généreux.
La quinze de personnes présentes ont compris, que si Internet et sa panoplie de nouvelles technologies allaient avec les podcastings et autres systèmes permettre de se créer sa radio à la carte, la partition aurait ses bémols grinçants. On allait peut-être perdre la radio de rendez-vous, celle où l'on allume le poste pour écouter l'émission qui nous anime gentiment le cortex, et aussi la radio de détente constructive, celle où l'on n'a pas à zapper car elle propose toujours des émissions dignes d'intérêt. En clair, côté radio comme ailleurs, le progrès a encore beaucoup de progrès à faire. Ensuite à ce moment du mail, j'ajoute la présentation faite par les agitateurs d'idées de la soirée. Vu ma capacité à amplifier, déformer, rejouer les propos des uns et des autres, c'est salutaire.
Au programme de cet apéro du 1er avril, on a un duo qui, au regard de leurs travaux et leur capacité de réflexion, méritent vraiment la vedette (Si vous vous ennuyez, je vous rembourse l'accès gratuit à la soirée. Imaginez le challenge, il tient presque du poisson d'Avril !) . Notre duo est composé de Thomas Gaon, psychologue clinicien et président de l'Observatoire des mondes numériques (www.omnsh.org) et Vincent Berry, sociologue, doctorant en sciences de l'éducation qui écrivent :
« Les jeunes générations maîtrisent désormais Internet avec une aisance certaine, mais l'accès n'est pas pour autant la culture. Les internautes pérégrinent, glanent, sèment et troquent des savoirs cultivés ou entreposés ça et là. Or les étiquettes, la traçabilité et la légitimité de ces productions n'ont pas l'apanage de l'école et de ses sacrés livres. Un fossé culturel et technologique apparaît entre une pratique scolaire traditionnelle basée sur des modèles —d'apprentissage du siècle dernier qui contraste avec la mutation rapide des moyens d'informations personnels et leurs logiques (essai/erreur, sans sanction,partage, communauté, hiérarchie par la compétence, etc.)
La relation entre Internet et éducation est donc une relation complexe et ambivalente.Si l'on s'accorde à reconnaître aujourd'hui le potentiel éducatif du réseau mondial en termes de rapidité d'accès à l'information, de liberté, de gratuité et de partage de ressources culturelles, on peut s'interroger sur la qualité des informations échangées et de la valeur de ces savoirs, au regard des institutions éducatives "légitimes" : écoles, collèges, université, etc. "
Je vous invite à venir nombreux (enfin pas trop afin qu'on reste entre nous) et généreux (sans limites) et éventuellement d'apporter quelques liquides et solides pour partager.
Soit, je suis engluée dans l'ornière de mes habitudes, mais rassurez-vous, pas tant que cela. La preuve, je peux vous annoncer l'apéritif suivant. Il aura lieu le 16 avril avec Valérie Beaudoin, une dame géniale oeuvrant du côté d'Orange Lab qui va nous faire faire un salto à nos neurones autour du thème “Femmes et technologies.”
Et en attendant de vous rencontrer, surtout n'oubliez pas que le futur appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves.