Je suis rôliste, et fier de l’être

Publié le 10 juin 2012 par Scriiipt

En France en 1996, le JdR1 était un ado, au mieux un jeune adulte… Il était facile de l’accuser de tous les maux. En 2012, le JdR est un adulte, un parent responsable et aimant qui veut que ses enfants grandissent et s’épanouissent dans la liberté et la tolérance. Alors, les articles et « divagations » de personnes qui cherchent à dénigrer nos valeurs ne doivent plus avoir autant d’audience.

Alors pour participer aussi à la campagne de « Moi : Rôliste » et en même temps à celle de « Coming Out Rôliste des années 80 », voici un peu comment tout à commencer pour moi. (Voir l’article [Coming Out] Et si les rôlistes… déclaraient leur bonheur d’être rôliste ?)

C’était au début des années 80…

J’ai découvert… ou plutôt mon meilleur ami, Richard, m’a fait découvrir D&D2, c’était au début des années 80.

J’ai toujours aimé lire, et même si à l’époque ma préférence allait aux romans policiers ou d’espionnage, je me suis laissé embarquer à explorer cet univers Med-Fan3.

Je voulais en savoir plus sur cette « mythologie » fort intéressante mais décrite succinctement dans la boite de base. J’avais aussi cherché à trouver des romans de JRR Tolkien4. Hélas, les seuls que je trouvais étaient en anglais et à la bibliothèque de la ville.

Ce que le JdR m’a apporté ?

  • L’envie d’assouvir ma curiosité. Me mettre à étudier plus assidûment l’anglais. M’inscrire à la bibliothèque de ma ville, et à y faire des recherches régulièrement… Et ces recherches portaient sur des tas et des tas de sujets au grès des découvertes dans les rayonnages…

Et je coche un +1 dans les métiers de Bibliothécaire, Documentaliste, Archiviste, qui sont des métiers passionnant que j’aurais aimé faire.

 Pourquoi le JdR et pas le Monopoly ?

A l’époque, j’avais déjà souvent constaté combien les parties de jeux de société classiques pouvaient mal se finir. Disputes, bouderies, triches, et j’en passe…

Avec le jeu de rôle (même si c’était D&D), cela ouvrait la porte à des choses beaucoup plus sympathiques.

L’élaboration d’histoires et le partage de ces histoires, un peu comme ces jeux où nous disions « on dit qu’on est des détectives qui doivent lutter contre l’infâme Krapulax5… » (véridique)

La découverte de Casus Belli

1982, je met la main sur un Casus Belli (le n°7) et sur un univers encore insoupçonné. Oui, il y avait du JdR, mais pas que ça… Des jeux de figurines, des wargames, les premiers jeux vidéo… On peut dire que je l’ai lu et relu cet exemplaire…

 Ce que le JdR m’a appris ?

La patience… Savoir résister à la frustration… Et oui, les Casus Belli des débuts, c’était une denrée rare, tout comme les boutiques de jeux de rôle.

Autre chose ?
  • Il n’y a pas que le JdR qui est intéressant, et il existe bien d’autres jeux que les jeux de société que l’on trouve dans les rayons des grands magasins au moment de Noël.
  • Le jdr renforce la capacité à imaginer. Si je n’avais pas le jdr dont je lisais la chronique, ce n’était pas grave, je n’avais qu’à en inventer un qui y ressemble. Il me suffisait d’un crayon et de quelques feuilles blanches. Et le tour était joué.

 1985-1988

Les année Lycée… Et les années “Œil Noir” … Ah, l’Œil Noir, premier jeu de rôle largement distribué, y compris dans les rayons des grands magasins6

L’Œil Noir avait cet avantage d’être vraiment facile à jouer, et il permettait aussi de rencontrer d’autres joueurs. Des gens se découvrant un point commun, les liens de camaraderie ou d’amitié se tissent plus facilement. Et l’on découvre alors que d’autres copains de classe jouent aussi. Et que ces copains en ont d’autres qui jouent aussi dans d’autres classes…

J’ai beaucoup joué durant ces années… Et j’ai quand même eu mon bac, du premier coup, malgré les jeux de rôle, les engagements politiques, les manifs…

Œil Noir, AD&D… Mais un jeu m’a marqué plus que d’autres : « Paranoïa ».

Ce jeu allais à l’encontre de tout ce qui semblait se faire à l’époque… Une époque où les joueurs « grobills » commençaient à faire leur nid7.

Paranoïa se moquait des conventions, le seul vrai but du jeu était de s’amuser… Avec Paranoïa, j’ai pris plaisir à être Meneur de Jeu, et à arriver des parties avec de très grandes tablées (8 ou 9 joueurs) dont des grands débutants ou des joueurs occasionnels (et des filles aussi …)

La partie était réussie quand on avait pu la jouer en moins d’une heure et quand à la fin on avait mal aux côtes tellement on avait ri.

Ce que le JdR m’a appris ?

A aller vers les autres, à animer un groupe, à être attentif et à l’écoute. Ça a aussi continuer à améliorer mon anglais…

Mais c’était aussi l’époque des débuts de l’informatique. Et le début des tentatives de création de programmes en BASIC pour générer des feuilles de personnages remplies avec les compétences calculées. Et oui, parce qu’il faut dire que les JdR de ces années faisaient la part belle aux calculs… Surtout pour les création de perso (Trauma, Légendes Celtiques par exemple)

  • 1 en logique et +1 en mathématique (ce qui me sert toujours aujourd’hui dans mon travail)

1988-1993 : les années fac, les années club de jdr.

Les jeux du moment, Star Wars d6, James Bond RPG, L’Appel de Cthulhu, Trauma, INS/MV…

Beaucoup de jeux intensifs durant ces années et beaucoup de rencontres. C’est incroyable comme le jdr permet de rencontrer des gens que l’on n’aurait pas croiser autrement. Le JdR en club, c’était tous les samedis soir, de 20h jusqu’au dimanche matin…

Je n’ai pas gardé beaucoup de souvenirs des parties jouées, elles n’étaient pas de grande qualité… J’y ai fait cependant de super rencontres… Seb, Régis, Marc, et les autres…

A la fac, je faisais quoi déjà ?

Des études d’Histoire et Géographie… Tiens comme c’est étonnant ! Et aussi de l’archéologie (enfin plutôt des « techniques de fouilles archéologiques »), de la sociologie, de l’ethnologie, de l’histoire de l’art contemporain, de la cartographie… Et oui, des matières qui me semblaient être le prolongement naturel de ma passion du jeu de rôle.

1994-1997 : Les années DreamMaker et Virus

De rencontres en rencontre, de groupe de joueurs en autres groupes de joueurs… c’est ça le jeu de rôle, toujours de la nouveauté et des gens différents, d’horizon différents avec des aspirations différentes. Le jeu de rôle est notre point commun de départ, pour ensuite tisser des liens d’amitié.

Des parties intensives de MéGa, puis de RuneQuest, en tant que Meneur de jeu, m’avaient amené à initier un jeune joueur (Fred pour ne pas le citer), qui avait tellement apprécié la partie qu’il est allé la raconter à un autre groupe. Au final c’est moi qui me suis fait recruter comme joueur dans une campagne qui allait durer plus d’un an…

Cette longue campagne de jeu de rôle a certainement bouleversé pour longtemps ceux qui y ont participé. On avait tellement accroché, que cela avait dépassé le simple stade ludique. Il en est résulté des tas de magnifiques dessins de Seith (qui ensuite a rejoint Dreamworks…), des illustrations musicales (Seith est très doué), une association loi 1901 (DreamMaker) et un fanzine papier (VIRUS)… Plus tard, David (notre Meneur de Jeu) nous écrivit les chroniques romancées de nos aventures, je fis quelques poèmes, et quand la campagne fut finie… Une autre commença, toujours aussi géniale…

Et puis ce fut l’époque de la création du jeu DeadStalker, avec les nombreuses recherches de background, les parties tests… Et un jour, on tombe sur le cul, en voyant le film “6ème Sens” et se dire : “Merde ! Ils nous ont piqué notre idée”… Ou encore à la vision d’une scène de “Mission Impossible” reconnaitre une scène improvisée lors d’une partie de James Bond 007…

Parce que c’est ça aussi le jeu de rôle :

Alors quels apports ? Immenses. En plus des rencontres humaines, nous nous sommes tous révélés professionnellement à cette époque. Du montage d’une association, de la création d’un fanzine, avec la recherche de sponsors, les débuts de l’infographie, les mises en page de maquettes, l’écriture d’articles…La collaboration avec d’autres associations de jeu de rôle Grandeur Nature (Les Pigzin…), et tant d’autres choses…

Si je travaille aujourd’hui dans l’animation, la formation, le multimédia, c’est principalement grâce à ce que j’ai commencé à apprendre à cette époque…

Alors quand je lis des inepties sur des sites qui dénigrent les jeux de rôle, franchement… A votre avis, j’en pense quoi ?

J’ai fait quoi pour le jeu de rôle ces dernières années ?

J’avais laissé tombé le jdr pendant quelques temps… Pour m’essayer à la littérature (on y reviendra un jour)… Et puis je m’y suis remis…

Scriiipt.com est devenu un site de jdr, j’ai participé à la création du Réseau Rôliste Francophone, j’ai rejoint la FFJdR…

Aucun regrets, plutôt que de râler dans son coin, je trouve qu’il faut tout faire pour que les jeux de rôle soient reconnus pour ce qu’ils sont : “D’excellents jeux pour tous !