En ce samedi grisou, nous avons décidé de remplacer le soleil qui nous faisait défaut dans le ciel par une série de vins sudistes (à une incartade près), de façon à réchauffer un peu l'ambiance du temps.
Commençons par l'exception à la règle que nous nous sommes fixée ce soir. Donc, avec des oeufs brouillés aux asperges, quelques pointes d'asperges vertes croquantes, un Gewurztraminer, GC Pfersigberg 2001, Paul Ginglinger: un nez très riche et opulent, sur un équilibre qui m'évoque d'emblée une VT. Epices douces, miel, litchi, fruits confits et pointe de rose (presque mentholé) à l'aération. Cela reste frais et floral. La bouche confirme cette maturité. C'est très riche ... tout en restant équilibré. Complexité des saveurs sur une trame charpentée, oserai-je dire "tannique", mêlant les fruits exotiques, les épices, le miel et un côté acidulé du plus bel effet, qui donne à la fois une impression de floralité intense (rose fraîche) et une très grande allonge au vin, sur des amers sapides. Finalement, les sucres sont totalement intégrés et semblent (il faut parfois rester prudent) participer à cet équilibre. Finale étonnamment fraîche, sur une "grosse" liqueur à la fois tellurique et aérienne, avec encore des amers nobles. De la soie en bouche. Magnifique
Quittons maintenant les terres septentrionales. Direction "grand sud" pour les trois prochains vins.
Avec un duo d'agneau de pré-salé (carré et côtes), courgettes farcies et pommes rattes, un Beaumes de Venise, Cuvée Saint Martin 2005, domaine de la Ferme Saint Martin (Guy Jullien) : Un premier nez un peu sur la retenue. Viennent ensuite des notes d'épices douces sur un substrat de fruits noirs. C'est à la fois puissant et élégant. La bouche est moyennement charpentée, avec de jolis tannins lactés. Un petit creux en milieu de bouche toutefois. Notes fruitées suaves. La finale est fraîche, ronde et lactée. Très Bien
Lirac, cuvée classique 2006, domaine du Joncier (Marine Roussel) : un nez plus intense et plus profond que le précédent vin, qui dégage une suavité déjà salivante. Notes sudistes très marquées, balançant entre la garrigue, les olives et les fruits noirs très murs d'un côté, et une perception florale, fraîche et presque mentholée d'autre part, le tout étant complété par une sensation d'épices et de poivre. En bouche, c'est concentré, serré et intense. Belle matière assez ronde, tannins encore un peu abrupts et une pointe résiduelle d'élevage. Granulosité (toucher de bouche) salivante, avec une amertume végétale noble (cinnorhodon). Finale charpentée et douce, fraîche, très minérale, pouvant évoquer le voisin d'en face (Châteauneuf). Excellent
Avec un duo de fraises (mara des bois nature et soupe de fraises à la poudre défendue), un Muscat de Beaumes de Venise, cuvée Hommage, domaine des Bernardins : une robe jaune cuivrée intense et très brillante. Un nez ultra-complexe, sur un registre de liqueur noble : noix, raisins secs, figues, banane, miel, le tout dans une gangue de senteurs muscatées légères. La bouche est intense et terriblement aromatique, mais toujours sur un équilibre de finesse et de fraîcheur : noix, raisins secs, pruneaux, figues et miel. C'est à la fois rond et tendu. M'évoque par certains côtés (semi-oxydatif sans rancio) certains porto tawny. Finale riche, profonde, intense et persistante. Superbe accord avec l'acidité des fraises. Excellent
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Bruno