Perversion anthropologique : la destruction de la famille légitimée

Publié le 10 juin 2012 par Tchekfou @Vivien_hoch

L’hebdomadaire officiel de la Propagande gauchiste (culturelle et politique) – j’ai nommé, bien sûr, les Inrockuptibles – nous délivre cette semaine la dernière “bonne nouvelle” de la Parole progressiste, sous un titre dogmatique au possible : “La famille n’est pas au fondement de la société“.

Dans un contexte où l’on parle en faveur du “mariage” gay, du Droit à l’adoption pour tous et en vue de faciliter encore davantage l’accès à l’avortement, les journalistes des Inrocks se donnent pour tâche de légitimer sans relâche les idées du gouvernement. C’est l’anthropologue Maurice Godelier qui leur fournit cette semaine le statut d’autorité propre à telle légitimation. Un anthropologue qui définit sa position comme “extrêmement cool” : de quoi plaire aux bobos branchouilles des Inrocks, amateurs d’anglicismes et de “coolitude” à l’américaine – cette manière attractive de vendre le relativisme.

L’auteur des Métamorphoses de la parenté déclare ainsi : “J’estime, contrairement à l’anthropologie dominante, que la famille et les rapports de parenté ne président pas aux fondements de la société… Qu’est-ce qui fait société ? Ce n’est pas la famille, nulle part. Je préfère mettre l’accent sur les rapports politico-religieux : ce qui fait société, c’est quelque chose qui déborde et traverse la parenté. A partir du moment où vous vous rendez compte de ça, il est logique d’en conclure que l’évolution de la famille et de la parenté ne vont pas faire s’écrouler la société.”

On se demande vraiment ce que, du point de vue des Inrocks et de Godelier, signifie “faire société”. Il semble qu’il ne s’agisse pas de l’organisation d’une vie en communauté, de ce qui suppose l’apprentissage de l’être-avec et de l’ordinaire du rapport à l’autre – sans quoi il n’y aurait aucun sens à dire de la famille qu’elle ne fait “nulle part” société. La famille, dans le sens où nous l’entendons habituellement, fait non seulement société, mais repose structurellement, essentiellement sur un processus extrêmement fort de sociabilisation et de relations entre individus. Elle est le lien par excellence de ce qui peut, en toutes circonstances, lier les hommes entre eux, dans un cadre social plus ou moins organisé.

Malgré son indéniable envergure intellectuelle, Godelier glisse ainsi très étrangement de l’idée selon laquelle “la famille ne préside pas aux fondements de la société” à l’idée selon laquelle “ce n’est pas la famille mais les rapports politico-religieux qui font société“. Il n’y a rigoureusement aucune raison de déduire de quelque chose (en l’occurrence, la famille) qu’elle n’a rien à voir avec autre chose (la société) dans la mesure où elle n’en serait pas le fondement. A moins que le journaliste ait tronqué la citation, de façon à faire valoir sa propre conception sans s’encombrer des nuances et des articulations nécessaires à l’argument. Le raisonnement suit des semblants d’étapes dont il est difficile de dégager clairement la logique, et dont les termes sont biaisés, notamment quand Godelier conclut sur “l’évolution de la famille“, là où nous parlerions, quant à nous, de sa dé-structuration.