1462, Transylvanie. Le comte Dracula laisse sa bien-aimée Elizabeta à l'aube d'une guerre contre les Turcs. Croyant à sa mort, la dame se suicide rendant fou le compte. Il se met à blasphémer et à devenir un vampire, un homme avide du sang des autres et immortel. 1897. Jonathan Harker est emmené vers le comte, vieilli comme jamais et très assoiffé...
La critique draculienne de Borat
Dracula de Bram Stoker hante le cinéma depuis sa création. Au hasard, on citera les Nosferatu (aussi bien l'original de 1922 ou la version de Werner Herzog), la version de 1931 avec Bela Lugosi faisant un cultissime mouvement de main (récemment immortalisé par Tim Burton); Le cauchemar de Dracula avec le mythique Christopher Lee; ou encore le film de John Badham avec Frank Langella.
Sans compter que Dario Argento vient de nous dévoiler une version arhem avec Dracula se transformant notamment en mante-religieuse !
Décidemment Dario, j'ai bien peur que ce soit la fin... Sans compter le mythe du vampire encore alimenté de nos jours via de sacrés films comme Morse mais aussi de grosses merdes comme Twilight et Underworld. Pour revoir réellement le comte de Transylvanie (parce que dans les années 2000 on a eu Gerard Butler en Dracula 2001!), il faut revenir à 1992 avec la vision de Francis Ford Coppola. Déjà, le film peut se targuer d'avoir un casting tout ce qu'il y a de plus béton: Gary Oldman, Winona Ryder (égérie de Tim Burton), Anthony Hopkins (tout juste oscarisé), Keanu Reeves, Richard E Grant, Sadie Frost, Cary Elwes, Billy Campbell, Tom Waits et Monica Bellucci.
Indéniablement, Dracula marquera la carrière de Francis Ford Coppola car c'est probablement son dernier chef-d'oeuvre à ce jour et sauf résurrection potentielle (quoiqu'il se fait plaisir depuis quelques années avec des films plus personnels mais qui divisent), il n'est pas prêt de retrouver une telle tenue. Avant tout, Dracula s'impose plus comme une tragédie qu'un réel film d'horreur. Certes, les moments sanguinolants n'échappent pas à l'ami Coppola qui s'en donnera à coeur joie au moment voulu (femmes-vampires en pleine transe autour d'un Reeves dégoulinant de sang, massacre d'ouverture, gorges sucées), mais le caractère tragédie est largement quantifié par rapport au roman (je parle d'après ce que disent les gens en général, je n'ai pas lu le roman de Stoker).
C'est surtout l'histoire d'un homme condamné à sucer le sang de gens quelconques en vue de rester immortel et oublier celle qu'il a aimé autrefois, suicidée suite à une mauvaise annonce. Sa rencontre avec Jonathan Harker va être crucial.
Non seulement, il lui donnera du sang frais mais en plus, il va pouvoir rencontrer sa femme, sosie parfait de sa défunte femme. Dès lors, la furiosité de Dracula va s'intensifier jusqu'à atteindre un sommet de démence.
Pire, il entraîne les autres dans sa chute. C'est le cas d'Harker s'employant à une vengeance sans précédant, d'un homme ayant perdu sa femme à cause du compte et d'un certain Van Helsing. Pour ceux qui connaissent le film de Stephen Sommers, ils savent évidemment qu'Helsing est un chasseur de vampires (non, pas de monstre comme le montre le film avec Hugh Jackman) et cherche depuis des années un moyen d'affronter le comte.
C'est l'occasion rêver ici mais notre héros va vite découvrir que dans son obsession, il va bel et bien devenir aussi fou que sa proie et tomber amoureux de Miss Harker qu'il est censé protéger. Dans ce rôle à la fois bestial et tortureux, Hopkins s'avère impérial et particulièrement en forme.
Un digne héritier pour Peter Cushing. Les autres ne déméritent et notamment à un Gary Oldman totalement habité par un rôle dense et interessant au possible.
Ryder trouve probablement le dernier réel grand rôle de sa carrière, en tous cas à mes yeux. Reeves s'avère un peu plus correct que d'habitude, ce qui est à souligner.
Niveau réalisation, Coppola mise à la fois sur un peu de gothisme, du baroque et du romantisme. Bref, on y croit. De même à la musique de Wojciech Kilar absolument remarquable.
Coppola signe la dernière vraie vision du plus grand des vampires et son dernier chef d'oeuvre par la même occasion.
Note: 19/20