Avec à peine un peu de voix comme sur "09.01.2006 (the trap)" et une choriste, le disque est essentiellement instrumental. Un peu comme un plat sans viande (et mon entourage sait que pour moi, la viande est le meilleur légume !), c’est risqué de rassasier quelqu’un avec un plat où il manque quelque chose dont on est trop habitué. Qu’importe ici. On est bien loin du bœuf désorganisé entre potes, tout est travaillé, mis en place, carré. Chaque ingrédient ou épice apporte sa sonorité, son grain de sel, dans ce plat particulier mais très digeste. Et pourtant, malgré le sérieux, le travail de la construction, la composition travaillée, on ressent le plaisir qu’avaient les musiciens à participer à ce projet. Parce que, à l’écoute de chacun des titres, on entend ces thèmes travaillés, réfléchi, comme une recette crée après mure réflexion et une bonne expérience derrière les fourneaux. Tour à tour vintage sixties ("Les Tics érotiques", un bon jerk !), parfois plus moderne sur la sonorité (Malyflow’s Garden), le mélange des saveurs de chaque période musicale est bien équilibré pour éviter le pastiche ou l’hommage. Cucumber a trouvé sa recette. Un disque sans doute indispensable à tout réalisateur ou sonorisateur, qui trouvera peut-être même des images à coller sur ces titres très différents les uns les autres. D’ailleurs, la télévision française à déjà utilisé certains de leurs titres. Et pour tous ceux qui regrettent la pauvreté instrumentale de beaucoup de disques pops actuels, avec peu ou pas de solos, revivez avec ce disque !
Donc, même si vous n’aimez pas les concombres, goutez à ce plat. Pour le premier album, c’est du travail de grand chef étoilé ! Moi j’en reprendrais bien une part SVP. Bon appétit !